Pour souligner les 60 ans du Théâtre de Quat’Sous, le directeur artistique Eric Jean a mis la barre assez haut, en choisissant de remonter une comédie qui a connu un vif succès en 1996, avec une distribution de choc : Élise Guilbault, Marc Labrèche, Diane Lavallée et Luc Picard. Qui y avait alors assisté pouvait craindre une reprise moins spectaculaire, mais il n’en est rien. En s’assurant de la complicité du directeur artistique de l’époque, Pierre Bernard, qui en avait signé la mise en scène, Eric Jean propose sa version tout aussi enlevée de l’œuvre de l’Américain David Ives.
Le titre en anglais, All in the timing, a été pris ici au pied de la lettre ; en effet, tout est dans le timing et c’est sous la gouverne du décompte d’un chronomètre que va se jouer la pièce. Les cinq pièces en un acte, en fait, qui composent l’œuvre, devront être menées à bien en 1 heure, 14 minutes et 56 secondes exactement. Comme on peut s’en douter, le temps, au théâtre, demeure une notion relative, car le chronomètre s’arrêtera quelques fois pour permettre aux comédiens d’interpréter des chansons, en français, en anglais, en espagnol, intercalées entre les pièces.
Disons-le d’emblée : les six interprètes réunis par Eric Jean (Émilie Bibeau, Anne-Élisabeth Bossé, Simon Lacroix, Daniel Parent, Geneviève Schmidt et Mani Soleymanlou) sont de haut calibre et se payent tous, à un moment ou l’autre du spectacle, quelque morceau de bravoure mémorable. Le texte absurde, où se multiplient les jeux de rythme et les répétitions, paraît d’une efficacité redoutable. Sans aucune finalité de profonde réflexion ou de prise de conscience sociale ou politique, l’œuvre se veut avant tout divertissement intelligent.
En misant sur le talent de ses comédiens et en prenant quelques libertés avec le texte (traduit par Maryse Warda), comme l’ajout de chansons et l’introduction de références à Drummondville là où il était question de Philadelphie, l’équipe a su créer des moments d’une drôlerie à laquelle il serait bien difficile, et inutile, de résister. Quelques trucs comiques éculés, issus du slaptick américain, comme entrer dans une porte avec violence ou s’écraser au sol subitement, produisent toujours leur effet et le public, composé de beaucoup de jeunes, s’esclaffe sans bouder son plaisir.
La scénographie conçue par Pierre-Étienne Locas, une rangée de casiers d’école dans lesquels les personnages pigeront leurs costumes pour une scène ou une autre, qui servira aussi d’entrées et de sorties de la scène, autrement dépouillée, sert très bien le feu roulant que le metteur en scène a su insuffler au spectacle. La scène finale, une chorégraphie autour du compositeur Philip Glass dans une boulangerie, avec musique et paroles répétitives, où tous participent, demeure un numéro d’anthologie dont la rigueur d’exécution va bien au-delà du comique de premier degré. L’ovation spontanée dans la salle saluait à juste titre ce beau travail.
Texte de David Ives. Traduction de Maryse Warda. Mise en scène d’Eric Jean. Une production du Théâtre de Quat’Sous, présentée jusqu’au 30 octobre 2015.
Pour souligner les 60 ans du Théâtre de Quat’Sous, le directeur artistique Eric Jean a mis la barre assez haut, en choisissant de remonter une comédie qui a connu un vif succès en 1996, avec une distribution de choc : Élise Guilbault, Marc Labrèche, Diane Lavallée et Luc Picard. Qui y avait alors assisté pouvait craindre une reprise moins spectaculaire, mais il n’en est rien. En s’assurant de la complicité du directeur artistique de l’époque, Pierre Bernard, qui en avait signé la mise en scène, Eric Jean propose sa version tout aussi enlevée de l’œuvre de l’Américain David Ives.
Le titre en anglais, All in the timing, a été pris ici au pied de la lettre ; en effet, tout est dans le timing et c’est sous la gouverne du décompte d’un chronomètre que va se jouer la pièce. Les cinq pièces en un acte, en fait, qui composent l’œuvre, devront être menées à bien en 1 heure, 14 minutes et 56 secondes exactement. Comme on peut s’en douter, le temps, au théâtre, demeure une notion relative, car le chronomètre s’arrêtera quelques fois pour permettre aux comédiens d’interpréter des chansons, en français, en anglais, en espagnol, intercalées entre les pièces.
Disons-le d’emblée : les six interprètes réunis par Eric Jean (Émilie Bibeau, Anne-Élisabeth Bossé, Simon Lacroix, Daniel Parent, Geneviève Schmidt et Mani Soleymanlou) sont de haut calibre et se payent tous, à un moment ou l’autre du spectacle, quelque morceau de bravoure mémorable. Le texte absurde, où se multiplient les jeux de rythme et les répétitions, paraît d’une efficacité redoutable. Sans aucune finalité de profonde réflexion ou de prise de conscience sociale ou politique, l’œuvre se veut avant tout divertissement intelligent.
En misant sur le talent de ses comédiens et en prenant quelques libertés avec le texte (traduit par Maryse Warda), comme l’ajout de chansons et l’introduction de références à Drummondville là où il était question de Philadelphie, l’équipe a su créer des moments d’une drôlerie à laquelle il serait bien difficile, et inutile, de résister. Quelques trucs comiques éculés, issus du slaptick américain, comme entrer dans une porte avec violence ou s’écraser au sol subitement, produisent toujours leur effet et le public, composé de beaucoup de jeunes, s’esclaffe sans bouder son plaisir.
La scénographie conçue par Pierre-Étienne Locas, une rangée de casiers d’école dans lesquels les personnages pigeront leurs costumes pour une scène ou une autre, qui servira aussi d’entrées et de sorties de la scène, autrement dépouillée, sert très bien le feu roulant que le metteur en scène a su insuffler au spectacle. La scène finale, une chorégraphie autour du compositeur Philip Glass dans une boulangerie, avec musique et paroles répétitives, où tous participent, demeure un numéro d’anthologie dont la rigueur d’exécution va bien au-delà du comique de premier degré. L’ovation spontanée dans la salle saluait à juste titre ce beau travail.
Variations sur un temps
Texte de David Ives. Traduction de Maryse Warda. Mise en scène d’Eric Jean. Une production du Théâtre de Quat’Sous, présentée jusqu’au 30 octobre 2015.