Il y a quelque chose de fascinant dans cette lecture en strates proposée par L’autre hiver. On y devine Verlaine et Rimbaud comme à travers un kaléidoscope. On y reconnaît la langue si particulière de Normand Chaurette. On retrouve l’esthétique de Denis Marleau et Stéphanie Jasmin, prolongement des Aveugles de Maeterlinck. Dans ce que l’on pourrait qualifier d’une réflexion sur les fantômes, mais aussi sur le double, les metteurs en scène ont fait le choix intéressant de semer le doute, le décor ne prenant réelle consistance qu’après quelques minutes.
Mais, au-delà de tout cela, on doit d’abord admirer le travail du compositeur Dominique Pauwels, diplômé du Conservatoire de Gand, du Sweelinck Conservatorium d’Amsterdam et de l’IRCAM de Paris.
Rarement a-t-on eu droit à une partition si adroitement travaillée. Les deux sopranos, Lieselot De Wilde et Marion Tassou, impeccables à tout point de vue, revisitent les amants maudits, mais surtout nous reconnectent au monde de l’enfance, aussi évanescent que troublant. Les chœurs d’enfants du Théâtre de la Monnaie se superposent d’entrée de jeu aux identités floues des deux amants.
Il devient vite inutile pour Chaurette de citer Rimbaud ou Verlaine pour que la poésie s’installe. On occulte ainsi presque entièrement le côté biographique que l’on aurait été tenté d’évoquer. Le texte se concentre plutôt sur la nature même des personnages, les 28 pantins se révélant l’élément curieusement organique du tout.
On restera, avant toute chose, fasciné par la partition magnétique de Dominique Pauwels, soutenue par huit musiciens en direct. Le chef d’orchestre Filip Rathé concilie ici les prestations en direct des sopranos, les voix d’enfants enregistrées de même que les trames sonores musicales, sans que celles-ci ne deviennent jamais forcées.
La juxtaposition de tout cela fonctionne grâce à la composition de Pauwels. Nous sommes indéniablement devant une véritable œuvre musicale, que l’on aura envie de réentendre, d’apprivoiser autrement, de faire sienne.
L’autre hiver
Livret de Normand Chaurette. Musique de Dominique Pauwel. Mise en scène, scénographie et vidéo de Denis Marleau et Stéphanie Jasmin. Une production de Lod Muziektheater (Gand), Mons 2015 Capitale européenne de la culture, Le Manège de Mons et Ubu Compagnie de création. Présenté au FTA les 1er et 2 juin 2016.
Il y a quelque chose de fascinant dans cette lecture en strates proposée par L’autre hiver. On y devine Verlaine et Rimbaud comme à travers un kaléidoscope. On y reconnaît la langue si particulière de Normand Chaurette. On retrouve l’esthétique de Denis Marleau et Stéphanie Jasmin, prolongement des Aveugles de Maeterlinck. Dans ce que l’on pourrait qualifier d’une réflexion sur les fantômes, mais aussi sur le double, les metteurs en scène ont fait le choix intéressant de semer le doute, le décor ne prenant réelle consistance qu’après quelques minutes.
Mais, au-delà de tout cela, on doit d’abord admirer le travail du compositeur Dominique Pauwels, diplômé du Conservatoire de Gand, du Sweelinck Conservatorium d’Amsterdam et de l’IRCAM de Paris.
Rarement a-t-on eu droit à une partition si adroitement travaillée. Les deux sopranos, Lieselot De Wilde et Marion Tassou, impeccables à tout point de vue, revisitent les amants maudits, mais surtout nous reconnectent au monde de l’enfance, aussi évanescent que troublant. Les chœurs d’enfants du Théâtre de la Monnaie se superposent d’entrée de jeu aux identités floues des deux amants.
Il devient vite inutile pour Chaurette de citer Rimbaud ou Verlaine pour que la poésie s’installe. On occulte ainsi presque entièrement le côté biographique que l’on aurait été tenté d’évoquer. Le texte se concentre plutôt sur la nature même des personnages, les 28 pantins se révélant l’élément curieusement organique du tout.
On restera, avant toute chose, fasciné par la partition magnétique de Dominique Pauwels, soutenue par huit musiciens en direct. Le chef d’orchestre Filip Rathé concilie ici les prestations en direct des sopranos, les voix d’enfants enregistrées de même que les trames sonores musicales, sans que celles-ci ne deviennent jamais forcées.
La juxtaposition de tout cela fonctionne grâce à la composition de Pauwels. Nous sommes indéniablement devant une véritable œuvre musicale, que l’on aura envie de réentendre, d’apprivoiser autrement, de faire sienne.
L’autre hiver
Livret de Normand Chaurette. Musique de Dominique Pauwel. Mise en scène, scénographie et vidéo de Denis Marleau et Stéphanie Jasmin. Une production de Lod Muziektheater (Gand), Mons 2015 Capitale européenne de la culture, Le Manège de Mons et Ubu Compagnie de création. Présenté au FTA les 1er et 2 juin 2016.