Plus que du mouvement et des acrobaties, le cirque amène au Songe d’une nuit d’été, présenté par le Théâtre du Trident, une dimension poignante, faite de chair, de voiles et d’étreintes. Avec la touche du metteur en scène Olivier Normand et du collectif Flip FabriQue, la comédie revêt des couleurs subtiles et denses entre les chassés-croisés amoureux et l’humour bouffon du texte shakespearien.
Il est rare que ce soit les transitions qui nous touchent le plus dans une pièce et pourtant, cette fois, il n’aurait pu en être autrement. Le metteur en scène a utilisé tout ce qu’il avait à sa disposition pour faire respirer le texte et lui donner un nouveau souffle. L’espace de jeu est traversé par deux grandes voiles transparentes, qui montent et descendent au gré des scènes, traçant des labyrinthes ou dissimulant les corps endormis. Les esprits de la forêt glissent sous la scène par une trappe ou s’élancent à partir d’un trampoline jusqu’en arrière scène. Et surtout, trois interprètes de cirque livrent une chorégraphie continue, poignante représentation des douleurs et du désir, signée Alan Lake.
Les feuilles volent, les éclairages blancs et doux plongent la scène dans une lumière de clair de lune. On reconnait l’émotion qui nous assaillait au contact des autres créations originales d’Olivier Normand ; le côté irréel et magique d’Insomnies, dans Où tu vas quand tu dors en marchant… ? et la bouleversante fébrilité de Crépuscule, présenté les soirs d’été au Port de Québec.
Le spectacle débute dans une chambre banale où un jeune homme s’endort. Tels Peter Pan et les autres créatures magiques qui traversent le monde des hommes à l’heure du sommeil, Hippolyte et Thésée font irruption en se querellant joyeusement. L’endormi, à qui l’on tend un texte et qu’on entraîne graduellement dans ce rêve éveillé, n’est nul autre que Lysandre, l’un des joueurs du carré amoureux qui se défait et se refait tout au long du Songe.
Un spectacle éclectique
Déjà, le metteur en scène a trouvé une manière d’introduire un mélange de tons, une méprise et un effet comique pour inviter le spectateur à traverser ce monde imaginaire, où fées, jeunes Athéniens et comédiens de fortune s’entrecroisent dans une intrigue rocambolesque.
Les comédiens trouvent le moyen, en se donnant la permission d’arborer un jeu très physique, grotesque, absurde, de rendre la fable comique. Comme dans un mauvais rêve, ils laissent — au fil des crises d’humeur ou des prises de becs — des morceaux de vêtements derrière eux, se retrouvant en sous-vêtements dans la forêt, ridicules et vulnérables. Tout en riant de leur démarche et de leurs moues, on est touché par leur détresse de clown tragique, rempli d’illusions et de grandes espérances.
Les scènes montrant le trio de comédiens amateurs répétant dans la forêt (Marc Auger, Emmanuel Bédard et Hugues Frenette) auraient facilement pu sembler grasses et superflues, mais elles s’intègrent étrangement bien au maelstrom. On prend autant de plaisir au jeu gracile et rempli d’arabesques de Valérie Laroche en reine des fées, qu’aux facéties très appuyées de la dernière scène, qui surviennent après un magnifique ballet de corps et d’oreillers. L’équipe a assumé l’éclectisme du texte, tout en l’enveloppant de l’étoffe des rêves.
Texte : William Shakespeare. Traduction : Michelle Allen. Mise en scène : Olivier Normand. Scénographie : Véronique Bertrand. Éclairages : Caroline Ross. Musique originale : Josué Beaucage. Costumes : Virginie Leclerc. Chorégraphies : Alan Lake. Avec Marc Auger, Josué Beaucage, Emmanuel Bédard, Pauline Bonnani, Hugues Frenette, Jean-Michel Girouard, Valérie Laroche, Mélissa Merlo, André Robillard, Patrick Ouellet, Jean-Sébastien Ouellette, Mary-Lee Picknell, Émile Pineault et Mathias Reymond. Une coproduction du Théâtre du Trident et de Flip FabriQue. Présenté au Grand Théâtre de Québec jusqu’au 11 février 2017.
Plus que du mouvement et des acrobaties, le cirque amène au Songe d’une nuit d’été, présenté par le Théâtre du Trident, une dimension poignante, faite de chair, de voiles et d’étreintes. Avec la touche du metteur en scène Olivier Normand et du collectif Flip FabriQue, la comédie revêt des couleurs subtiles et denses entre les chassés-croisés amoureux et l’humour bouffon du texte shakespearien.
Il est rare que ce soit les transitions qui nous touchent le plus dans une pièce et pourtant, cette fois, il n’aurait pu en être autrement. Le metteur en scène a utilisé tout ce qu’il avait à sa disposition pour faire respirer le texte et lui donner un nouveau souffle. L’espace de jeu est traversé par deux grandes voiles transparentes, qui montent et descendent au gré des scènes, traçant des labyrinthes ou dissimulant les corps endormis. Les esprits de la forêt glissent sous la scène par une trappe ou s’élancent à partir d’un trampoline jusqu’en arrière scène. Et surtout, trois interprètes de cirque livrent une chorégraphie continue, poignante représentation des douleurs et du désir, signée Alan Lake.
Les feuilles volent, les éclairages blancs et doux plongent la scène dans une lumière de clair de lune. On reconnait l’émotion qui nous assaillait au contact des autres créations originales d’Olivier Normand ; le côté irréel et magique d’Insomnies, dans Où tu vas quand tu dors en marchant… ? et la bouleversante fébrilité de Crépuscule, présenté les soirs d’été au Port de Québec.
Le spectacle débute dans une chambre banale où un jeune homme s’endort. Tels Peter Pan et les autres créatures magiques qui traversent le monde des hommes à l’heure du sommeil, Hippolyte et Thésée font irruption en se querellant joyeusement. L’endormi, à qui l’on tend un texte et qu’on entraîne graduellement dans ce rêve éveillé, n’est nul autre que Lysandre, l’un des joueurs du carré amoureux qui se défait et se refait tout au long du Songe.
Un spectacle éclectique
Déjà, le metteur en scène a trouvé une manière d’introduire un mélange de tons, une méprise et un effet comique pour inviter le spectateur à traverser ce monde imaginaire, où fées, jeunes Athéniens et comédiens de fortune s’entrecroisent dans une intrigue rocambolesque.
Les comédiens trouvent le moyen, en se donnant la permission d’arborer un jeu très physique, grotesque, absurde, de rendre la fable comique. Comme dans un mauvais rêve, ils laissent — au fil des crises d’humeur ou des prises de becs — des morceaux de vêtements derrière eux, se retrouvant en sous-vêtements dans la forêt, ridicules et vulnérables. Tout en riant de leur démarche et de leurs moues, on est touché par leur détresse de clown tragique, rempli d’illusions et de grandes espérances.
Les scènes montrant le trio de comédiens amateurs répétant dans la forêt (Marc Auger, Emmanuel Bédard et Hugues Frenette) auraient facilement pu sembler grasses et superflues, mais elles s’intègrent étrangement bien au maelstrom. On prend autant de plaisir au jeu gracile et rempli d’arabesques de Valérie Laroche en reine des fées, qu’aux facéties très appuyées de la dernière scène, qui surviennent après un magnifique ballet de corps et d’oreillers. L’équipe a assumé l’éclectisme du texte, tout en l’enveloppant de l’étoffe des rêves.
Le Songe d’une nuit d’été
Texte : William Shakespeare. Traduction : Michelle Allen. Mise en scène : Olivier Normand. Scénographie : Véronique Bertrand. Éclairages : Caroline Ross. Musique originale : Josué Beaucage. Costumes : Virginie Leclerc. Chorégraphies : Alan Lake. Avec Marc Auger, Josué Beaucage, Emmanuel Bédard, Pauline Bonnani, Hugues Frenette, Jean-Michel Girouard, Valérie Laroche, Mélissa Merlo, André Robillard, Patrick Ouellet, Jean-Sébastien Ouellette, Mary-Lee Picknell, Émile Pineault et Mathias Reymond. Une coproduction du Théâtre du Trident et de Flip FabriQue. Présenté au Grand Théâtre de Québec jusqu’au 11 février 2017.