Extras et ordinaires est un solo interactif qui parle de dépression et de suicide chez les parents à travers le regard d’un enfant de sept ans. Apprenant par son père que sa mère a commis un acte grave, le jeune garçon décide d’écrire une liste des belles choses de la vie, ces petits riens qui donnent de la joie et qui lui permettront de vaincre sa dépression; tentative désespérée de sortir sa mère du fond de son trou noir. Cette entreprise marquera toutes les étapes de sa vie. La liste des mille articles prévus au départ s’allongera, sera corrigée, complétée par d’autres, deviendra un motif collectif pour combatte l’appel du suicide et compilera finalement un million de choses «extras et ordinaires» pour rester vivant.
Duncan MacMillan, remarquable auteur britannique, que l’on commence à découvrir au Québec, après Des arbres, que la Manufacture a présenté au Périscope l’automne dernier et qui est toujours en tournée à travers la province, signe ici une œuvre étonnante, qui est un projet de société. L’auteur engagé sur des questions souvent peu abordées au théâtre veut faire œuvre utile. Dans ces cas-ci, il s’agit du suicide comme acte socialement inacceptable. Rien ne le justifie et ses ravages chez les enfants des suicidés sont immenses. Refusant toutefois la simple dénonciation et la complaisance dans la souffrance, il transforme le théâtre en une arène circulaire où le public est convié à participer à un groupe de soutien, les spectateurs devenant complices et protagonistes de cette réflexion.
La confidence de l’homme, marqué par la longue dépression de sa mère, est livrée par un Jonathan Gagnon en grande forme. D’un naturel désarmant, il parvient dès le départ à créer la complicité avec le public. C’est lui qui nous accueille, nous scrute, nous remet un carton numéroté avec une courte phrase. En cours de narration, il appelle ces numéros, chaque spectateur lisant alors à voix haute son contenu. Ce va-et-vient bien orchestré entre ses confidences et l’intervention des spectateurs, les répétitions, les interventions plus élaborées avec certaines personnes, donne au spectacle un rythme soutenu que vient appuyer la trame sonore fortement connotée, adaptée au contexte francophone et québécois.
Extras et ordinaires aborde ce sombre sujet avec beaucoup d’humour. La grande maîtrise de Gagnon, comme un jongleur captant à la volée les réactions des intervenants, en fait une pièce où le rire libérateur nous réconcilie avec la tragédie. Le comédien, en ce soir de première, ne craint pas de se corriger, de gronder gentiment les spectateurs récalcitrants, de soutenir les timides, bref il est le maître du jeu, mais avec une telle bonhomie communicative qu’on en redemande. Ainsi traitée, cette pièce permet de faire sauter l’omerta sur le suicide. Et de pouvoir dire fermement: «Ne le fais pas!»
Il faut courir voir ce spectacle, qui non seulement abolit le quatrième mur mais transforme le théâtre en un rituel de la parole, un lieu pour une catharsis collective. Un grand bravo à l’équipe et à Jonathan Gagnon pour ce plongeon dans la zone de risque. Cette pièce lui va comme un gant.
Texte: Duncan MacMillan. Traduction: Joëlle Bond. Mise en scène: Maryse Lapierre. Scénographie: Gabrielle Arsenault. Éclairages: Kevin Dubois. Avec Jonathan Gagnon. Une production du Théâtre de passage. À Premier Acte jusqu’au 28 avril 2018.
Extras et ordinaires est un solo interactif qui parle de dépression et de suicide chez les parents à travers le regard d’un enfant de sept ans. Apprenant par son père que sa mère a commis un acte grave, le jeune garçon décide d’écrire une liste des belles choses de la vie, ces petits riens qui donnent de la joie et qui lui permettront de vaincre sa dépression; tentative désespérée de sortir sa mère du fond de son trou noir. Cette entreprise marquera toutes les étapes de sa vie. La liste des mille articles prévus au départ s’allongera, sera corrigée, complétée par d’autres, deviendra un motif collectif pour combatte l’appel du suicide et compilera finalement un million de choses «extras et ordinaires» pour rester vivant.
Duncan MacMillan, remarquable auteur britannique, que l’on commence à découvrir au Québec, après Des arbres, que la Manufacture a présenté au Périscope l’automne dernier et qui est toujours en tournée à travers la province, signe ici une œuvre étonnante, qui est un projet de société. L’auteur engagé sur des questions souvent peu abordées au théâtre veut faire œuvre utile. Dans ces cas-ci, il s’agit du suicide comme acte socialement inacceptable. Rien ne le justifie et ses ravages chez les enfants des suicidés sont immenses. Refusant toutefois la simple dénonciation et la complaisance dans la souffrance, il transforme le théâtre en une arène circulaire où le public est convié à participer à un groupe de soutien, les spectateurs devenant complices et protagonistes de cette réflexion.
La confidence de l’homme, marqué par la longue dépression de sa mère, est livrée par un Jonathan Gagnon en grande forme. D’un naturel désarmant, il parvient dès le départ à créer la complicité avec le public. C’est lui qui nous accueille, nous scrute, nous remet un carton numéroté avec une courte phrase. En cours de narration, il appelle ces numéros, chaque spectateur lisant alors à voix haute son contenu. Ce va-et-vient bien orchestré entre ses confidences et l’intervention des spectateurs, les répétitions, les interventions plus élaborées avec certaines personnes, donne au spectacle un rythme soutenu que vient appuyer la trame sonore fortement connotée, adaptée au contexte francophone et québécois.
Extras et ordinaires aborde ce sombre sujet avec beaucoup d’humour. La grande maîtrise de Gagnon, comme un jongleur captant à la volée les réactions des intervenants, en fait une pièce où le rire libérateur nous réconcilie avec la tragédie. Le comédien, en ce soir de première, ne craint pas de se corriger, de gronder gentiment les spectateurs récalcitrants, de soutenir les timides, bref il est le maître du jeu, mais avec une telle bonhomie communicative qu’on en redemande. Ainsi traitée, cette pièce permet de faire sauter l’omerta sur le suicide. Et de pouvoir dire fermement: «Ne le fais pas!»
Il faut courir voir ce spectacle, qui non seulement abolit le quatrième mur mais transforme le théâtre en un rituel de la parole, un lieu pour une catharsis collective. Un grand bravo à l’équipe et à Jonathan Gagnon pour ce plongeon dans la zone de risque. Cette pièce lui va comme un gant.
Extras et ordinaires
Texte: Duncan MacMillan. Traduction: Joëlle Bond. Mise en scène: Maryse Lapierre. Scénographie: Gabrielle Arsenault. Éclairages: Kevin Dubois. Avec Jonathan Gagnon. Une production du Théâtre de passage. À Premier Acte jusqu’au 28 avril 2018.