Avec ce premier texte, la jeune auteure Marie-Pierre Lagacé aborde un thème qui surgit régulièrement dans l’actualité : les mères qui se retournent contre leurs enfants. Comment comprendre cette rupture intérieure qui pousse à l’infanticide ? Ce crime qui soulève l’indignation et l’incompréhension a secoué récemment le Québec, après la découverte dans une poubelle d’un cadavre d’enfant. Lagacé ne part pas de cette triste histoire pour tenter de comprendre Marie, antihéroïne déchue. Elle imagine plutôt un environnement toxique, où le manque d’amour entraîne la jeune mère vers l’irréparable.
Dans la pénombre de la scène, on croit discerner trois sapins de Noël enneigés dont les pieds sont garnis d’une tonne de cadeaux. Les ombres projetées forment un couple. Ce trompe l’œil est de fait un amoncellement de toutous s’élevant jusqu’au plafond. Côté jardin, un autre amas de toutous marque l’espace de la prison. Dans un cas comme dans l’autre, cette structure scénique illustre un blocage affectif à partir de l’enfance. Le spectateur découvrira l’histoire de Marie à travers ses rencontres avec le psychologue de la prison. Les personnages surgissent autour d’elle, portés par les jets de lumières qui découpent l’espace physique et mental de l’infanticide.
Celle qu’on pointe du doigt nous invite à l’intérieur de la tête de Marie, que l’auteure elle-même interprète avec grande justesse. Le nœud gordien se noue à partir de sa mère absente après le décès de son père. Le leitmotiv de l’amour manquant est ici développé dans son inéluctable progression : absence de la mère dans le besoin comme dans les moments heureux, sentiment d’impuissance et d’incomplétude, doute sur l’amour de son compagnon envers elle, haine de soi, incapacité à décoder les codes de la tendresse, grossesse inattendue…
Très moderne dans son découpage, le texte assemble un portrait plausible d’une descente aux enfers à partir des morceaux d’un puzzle éclaté. On y retrouve les tensions usuelles : la mère en quête de sa propre vie, la tante comme bouée de sauvetage au doigt accusateur, l’amoureux sincère éconduit, la codétenue au cœur tendre sous un vernis de violence, un psy un peu trop conventionnel. Malgré une certaine rectitude d’écriture, comme une recette parfaitement exécutée, on découvre ici une jeune auteure prometteuse. Mais, sous certains aspects, on sent l’approche de criminologie, comme une étude de cas livresque, une démonstration par la raison. Le paysage psychologique semble trop convenu, sauf vers la conclusion, alors qu’elle parvient avec crédibilité à s’imaginer dans la tête de l’assassine.
On rapporte qu’il y a annuellement entre six et huit infanticides au Québec, presque tous commis par des mères. Celle qu’on pointe du doigt tente de prêter un visage à ces mères qui dans l’opinion populaire ont démérité de la société. La pièce offre une piste de compréhension, une manière d’humaniser le geste fatal, irréversible. Elle pose aussi la question sur la suite des choses, car comment continuer à vivre au-dessus de l’abysse ouvert alors sous nos pieds ?
Texte : Marie-Pier Lagacé. Mise en scène : Simon Lemoine. Assistance à la mise en scène : Marie-Ève Chabot-Lortie. Décor et accessoires : Marilou Bois. Costumes : Dominique Giguère. Conception sonore : Martin Poirier. Éclairages : Jérôme Huot. Avec Anne-Marie Côté, Éva Daigle, David Grenier, Marie-Pier Lagacé, Linda Laplante et Réjean Vallée. Production : Collectif du Trottoir. À Premier Acte jusqu’au 20 octobre 2018.
Avec ce premier texte, la jeune auteure Marie-Pierre Lagacé aborde un thème qui surgit régulièrement dans l’actualité : les mères qui se retournent contre leurs enfants. Comment comprendre cette rupture intérieure qui pousse à l’infanticide ? Ce crime qui soulève l’indignation et l’incompréhension a secoué récemment le Québec, après la découverte dans une poubelle d’un cadavre d’enfant. Lagacé ne part pas de cette triste histoire pour tenter de comprendre Marie, antihéroïne déchue. Elle imagine plutôt un environnement toxique, où le manque d’amour entraîne la jeune mère vers l’irréparable.
Dans la pénombre de la scène, on croit discerner trois sapins de Noël enneigés dont les pieds sont garnis d’une tonne de cadeaux. Les ombres projetées forment un couple. Ce trompe l’œil est de fait un amoncellement de toutous s’élevant jusqu’au plafond. Côté jardin, un autre amas de toutous marque l’espace de la prison. Dans un cas comme dans l’autre, cette structure scénique illustre un blocage affectif à partir de l’enfance. Le spectateur découvrira l’histoire de Marie à travers ses rencontres avec le psychologue de la prison. Les personnages surgissent autour d’elle, portés par les jets de lumières qui découpent l’espace physique et mental de l’infanticide.
Celle qu’on pointe du doigt nous invite à l’intérieur de la tête de Marie, que l’auteure elle-même interprète avec grande justesse. Le nœud gordien se noue à partir de sa mère absente après le décès de son père. Le leitmotiv de l’amour manquant est ici développé dans son inéluctable progression : absence de la mère dans le besoin comme dans les moments heureux, sentiment d’impuissance et d’incomplétude, doute sur l’amour de son compagnon envers elle, haine de soi, incapacité à décoder les codes de la tendresse, grossesse inattendue…
Très moderne dans son découpage, le texte assemble un portrait plausible d’une descente aux enfers à partir des morceaux d’un puzzle éclaté. On y retrouve les tensions usuelles : la mère en quête de sa propre vie, la tante comme bouée de sauvetage au doigt accusateur, l’amoureux sincère éconduit, la codétenue au cœur tendre sous un vernis de violence, un psy un peu trop conventionnel. Malgré une certaine rectitude d’écriture, comme une recette parfaitement exécutée, on découvre ici une jeune auteure prometteuse. Mais, sous certains aspects, on sent l’approche de criminologie, comme une étude de cas livresque, une démonstration par la raison. Le paysage psychologique semble trop convenu, sauf vers la conclusion, alors qu’elle parvient avec crédibilité à s’imaginer dans la tête de l’assassine.
On rapporte qu’il y a annuellement entre six et huit infanticides au Québec, presque tous commis par des mères. Celle qu’on pointe du doigt tente de prêter un visage à ces mères qui dans l’opinion populaire ont démérité de la société. La pièce offre une piste de compréhension, une manière d’humaniser le geste fatal, irréversible. Elle pose aussi la question sur la suite des choses, car comment continuer à vivre au-dessus de l’abysse ouvert alors sous nos pieds ?
Celle qu’on pointe du doigt
Texte : Marie-Pier Lagacé. Mise en scène : Simon Lemoine. Assistance à la mise en scène : Marie-Ève Chabot-Lortie. Décor et accessoires : Marilou Bois. Costumes : Dominique Giguère. Conception sonore : Martin Poirier. Éclairages : Jérôme Huot. Avec Anne-Marie Côté, Éva Daigle, David Grenier, Marie-Pier Lagacé, Linda Laplante et Réjean Vallée. Production : Collectif du Trottoir. À Premier Acte jusqu’au 20 octobre 2018.