Critiques

Le baptême de la petite : La parabole du bar à pizza

Le baptême de la petite© Suzane O’Neill

Dans la lignée de À tu et à toi, Le baptême de la petite de la Compagnie dramatique du Québec est un huis clos où les convictions personnelles et les manières de dire suscitent des flammèches dans un groupe qui se connaît trop bien.

L’écriture réaliste et humoristique d’Isabelle Hubert, bien assortie à la mise en scène de Jean-Sébastien Ouellette, nous plonge dans un agglomérat de valeurs et de préjugés, le temps d’un souper de couples qui tourne au vinaigre.

Le baptême de la petiteSuzanne O'Neil

Antoine (Maxime Denommée) et Maude (Marie-Hélène Gendreau) s’apprêtent à aller chercher leur fille adoptive en Chine. Ils reçoivent à souper la sœur d’Antoine, Marie-Ève (Catherine De Léan) et son nouveau copain Rémi (Jean-Michel Déry). Outre l’adoption imminente, plusieurs éléments viennent corser l’affaire : Antoine a racheté la maison de ses parents et son contenu, ce qui outre fort Marie-Ève; Maude et Rémi ont déjà entretenu une relation amoureuse passionnée et la famille de Maude est inflexiblement athée, alors que celle de son conjoint est plus traditionnelle.

Le baptême de la petiteSuzanne O'Neil

Alors oui, dans Le baptême de la petite, on y parlera de religion, mais aussi d’une panoplie d’autres problématiques ayant lien à la filiation, à la jalousie, à l’infidélité, aux choix de vie, etc. L’auteure a intrinsèquement lié à la trame narrative du souper une série de courtes scènes s’inspirant des rituels de la religion catholique. La genèse est l’occasion pour Antoine de raconter sa relation amoureuse avec ses jouets d’enfance, une bonne trouvaille de mise en scène, alors que la parabole du fils prodigue est endossée avec verve par Marie-Ève.

Le baptême de la petiteSuzanne O'Neil

Ces moments, bien qu’humoristiques, permettent d’en savoir plus sur le bagage des personnages et sont généralement bien intégrés, hormis quelques ruptures de ton parfois trop abruptes (on pense au segment «Le pardon»). Les discussions plus réalistes, elles, ne permettent jamais vraiment d’aller au bout des idées. Le chat du voisin et l’absence de sauce gâchent le bar à pizza, alors que la soupe Lipton cause autant d’angoisse que les questions religieuses et presque davantage d’émoi. On pourrait arguer que c’est comme dans la vie, qu’ainsi, les questions restent ouvertes, mais on aurait toutefois pu aller un peu plus loin dans les argumentaires, question de nourrir davantage la réflexion que le spectateur ne manque pas d’avoir sur ses propres choix.

Le jeu verse parfois dans la surenchère, les personnages peuvent se mettre à s’époumoner comme des enfants gâtés, mais quelques beaux moments de vérité, où le banal et l’éthique s’enlacent dans la même phrase, suscitent davantage le rire.

Le baptême de la petite

Texte d’Isabelle Hubert. Mise en scène de Jean-Sébastien Ouellette. Assistance à la mise en scène : Anne Plamondon. Avec Catherine de Léan, Maxime Denommées, Jean-Michel Déry et Marie-Hélène Gendreau. Décor et costumes : Marilou Bois. Éclairages : André Rioux. Musique : Andrée Bilodeau et Patrick Ouellet. Une production de la Compagnie dramatique du Québec et du Théâtre Les gens d’en bas présentée du 23 octobre au 10 novembre au théâtre Périscope.