Présenté à la Chapelle jusqu’à début décembre Normal Desires est un spectacle qui questionne le corps et le geste de l’artiste de cirque. Dans sa création produite par Danse-Cité, compagnie atypique de danse contemporaine, l’artiste-interprète prend ses distances avec sa discipline d’origine. Émile Pineault a été formé au cirque. Son corps a été modelé par l’acrobatie. Il est le fruit de l’apprentissage d’un cirque fortement formaté, principalement axé sur le développement d’un niveau extrême de technicité, sur l’efficacité. Un cirque capitaliste comme tend à le définir l’artiste. L’approche du mouvement d’Émile, son rapport à l’espace, ses blessures, sa relation à la douleur et au dépassement de soi en sont le résultat. Aujourd’hui, il tente d’extraire sa carcasse de ce carcan en empruntant d’autres chemins corporels et il nous présente ici sa lente mue.
Dans l’espace carré de la scène, sur un revêtement blanc, Émile interroge, par le mouvement lui-même, l’empreinte que le cirque laisse dans le corps d’un artiste. Comment transformer son bagage en quelque chose de nouveau et de vrai ? Que garder et que laisser ? Ses mouvements acrobatiques réinvestis en mouvements de danse semblent toujours se laisser rattraper par l’acrobatie. Le point de référence d’Émile, son ancrage. Aussi sent-on ses frustrations. Enfermé dans des schémas corporels et des répétitions de gestes ultra-précis, Émile Pineault cherche, inlassablement à s’en libérer.
Normal Desires est un peu un spectacle ovni. Émile Pineault présente d’abord un travail de recherche en dramaturgie du mouvement certes, mais en rester là serait négliger la place qui est donnée aux créations sonores et aux lumières, très présentes dans le spectacle. Pineault veut désenclaver les disciplines et les mettre en dialogue. Pour cela, il s’est fait accompagner d’une panoplie de créateurs de taille, de diverses inspirations, allant du cirque à la danse en passant par la performance, évidemment ! La musique, forte, très forte, parfois stridente fait écho à ce qui traverse le corps de l’acrobate. Une sensation d’enfermement, un agacement. Le travail sur la lumière est sublime. Les couleurs agissent comme des filtres. Quand de la sépia, la lumière devient blanche, et que des couleurs apparaissent comme par magie, on ne peut s’empêcher de se rappeler que le monde est un vaste champ de perceptions et qu’il n’existe pas de vérité, mais seulement des réalités relatives. Au final, le spectacle est indéniablement une expérience synesthésique dans laquelle le spectateur est invité à entrer par ses propres sens, sans quoi il risque de passer à côté de la proposition.
Mise en scène et interprétation : Émile Pineault. Conception lumière et scénographie : Julien Brun. Conception sonore : Joël Lavoie. Conseils dramaturgiques : Sebastien Kann. Regard extérieur : Peter James. Photo : Julien Brun. Bande-annonce : Simon Garant. Résidences de création : Fondation L’Abri (Genève), Jatka78 (Prague), Monument-National, Destelheide (Dworp). Une production de Danse-Cité présentée à La Chapelle Scènes Contemporaines jusqu’au 1er décembre 2018.
Présenté à la Chapelle jusqu’à début décembre Normal Desires est un spectacle qui questionne le corps et le geste de l’artiste de cirque. Dans sa création produite par Danse-Cité, compagnie atypique de danse contemporaine, l’artiste-interprète prend ses distances avec sa discipline d’origine. Émile Pineault a été formé au cirque. Son corps a été modelé par l’acrobatie. Il est le fruit de l’apprentissage d’un cirque fortement formaté, principalement axé sur le développement d’un niveau extrême de technicité, sur l’efficacité. Un cirque capitaliste comme tend à le définir l’artiste. L’approche du mouvement d’Émile, son rapport à l’espace, ses blessures, sa relation à la douleur et au dépassement de soi en sont le résultat. Aujourd’hui, il tente d’extraire sa carcasse de ce carcan en empruntant d’autres chemins corporels et il nous présente ici sa lente mue.
Dans l’espace carré de la scène, sur un revêtement blanc, Émile interroge, par le mouvement lui-même, l’empreinte que le cirque laisse dans le corps d’un artiste. Comment transformer son bagage en quelque chose de nouveau et de vrai ? Que garder et que laisser ? Ses mouvements acrobatiques réinvestis en mouvements de danse semblent toujours se laisser rattraper par l’acrobatie. Le point de référence d’Émile, son ancrage. Aussi sent-on ses frustrations. Enfermé dans des schémas corporels et des répétitions de gestes ultra-précis, Émile Pineault cherche, inlassablement à s’en libérer.
Normal Desires est un peu un spectacle ovni. Émile Pineault présente d’abord un travail de recherche en dramaturgie du mouvement certes, mais en rester là serait négliger la place qui est donnée aux créations sonores et aux lumières, très présentes dans le spectacle. Pineault veut désenclaver les disciplines et les mettre en dialogue. Pour cela, il s’est fait accompagner d’une panoplie de créateurs de taille, de diverses inspirations, allant du cirque à la danse en passant par la performance, évidemment ! La musique, forte, très forte, parfois stridente fait écho à ce qui traverse le corps de l’acrobate. Une sensation d’enfermement, un agacement. Le travail sur la lumière est sublime. Les couleurs agissent comme des filtres. Quand de la sépia, la lumière devient blanche, et que des couleurs apparaissent comme par magie, on ne peut s’empêcher de se rappeler que le monde est un vaste champ de perceptions et qu’il n’existe pas de vérité, mais seulement des réalités relatives. Au final, le spectacle est indéniablement une expérience synesthésique dans laquelle le spectateur est invité à entrer par ses propres sens, sans quoi il risque de passer à côté de la proposition.
Normal Desires
Mise en scène et interprétation : Émile Pineault. Conception lumière et scénographie : Julien Brun. Conception sonore : Joël Lavoie. Conseils dramaturgiques : Sebastien Kann. Regard extérieur : Peter James. Photo : Julien Brun. Bande-annonce : Simon Garant. Résidences de création : Fondation L’Abri (Genève), Jatka78 (Prague), Monument-National, Destelheide (Dworp). Une production de Danse-Cité présentée à La Chapelle Scènes Contemporaines jusqu’au 1er décembre 2018.