Issu d’une multitude de témoignages, exprimé par les mélodies métissées de Kiya Tabassian et de ses musicien·nes, porté par deux voix alternées, celle de la poétesse Hélène Dorion et celle de la cantatrice Suzie Leblanc, ce concert-spectacle de l’ensemble Constantinople, d’une prégnante beauté, est également d’une surprenante unité de ton.
Basé sur les histoires de vie recueillies entre 2016 et 2019 par Dorion et Tabassian auprès de personnes âgées hébergées dans des résidences « de longue durée », Le temps des forêts apparaît d’abord d’une criante actualité en ces temps de pandémie où les CHLSD ont été les tristes vedettes de l’incurie des gouvernements et du désintérêt de la population. Les vieux et les vieilles oublié·es du Québec et d’ailleurs retrouvent un nom (Pauline, Édouard, Sophie…), un lieu (Amos, Gaspé, Montréal…), une voix.
Le compositeur d’origine iranienne a immergé ces récits d’un autre temps dans un univers sonore traversé des multiples influences de ses racines et de sa formation : Moyen-Orient, Méditerranée, baroque européen, jusqu’au réel traditionnel de nos violoneux et violoneuses. L’écrivaine québécoise les a fondus au creuset de sa propre sensibilité et en a fait un poème. Que la soprano venue d’Acadie reprend et sublime par son chant.
Dialogue
La fusion est si bien faite qu’on n’a pas l’impression d’un montage, mais d’une œuvre originale. Cette suite poétique et musicale articulée en un cycle de sept mouvements nous fait voyager à travers le temps et l’espace, de la « Terre des ancêtres » à ce « temps des forêts », celui des anciens, de l’espoir, peut-être.
Nul besoin de décor pour cette aventure de l’esprit et des sens, sinon ces légers ballons suspendus, intemporels et festifs, comme des lampes chinoises ou des origamis. C’est que les six musicien·nes sont là, entourant les deux interprètes, prolongeant le timbre brillant et caressant de la soprano, commentant les phrases de la narratrice sur un rythme endiablé, nostalgique, déchirant ou sensuel.
En dépit de l’omniprésence envoûtante des instruments, le spectacle n’est pas seulement concert. Il est aussi théâtre par le texte fondateur des paroles des ancien·nes, il est échange, non seulement entre les mots et les notes, mais également entre la chanteuse et la poétesse, la première reprenant les vers de la seconde. Cette conversation alternée qui se retrouve à l’intérieur des sept mouvements du cycle donne à l’œuvre sa précision et sa clarté, et culmine dans le duo final, les deux femmes en face à face, l’une disant, l’autre chantant.
Rien ne remplace la complicité entre spectateurs et spectatrices ni le plaisir complet de la présence des artistes. Néanmoins, la captation vidéo permet-elle ces 50 minutes d’intimité avec les interprètes d’une œuvre généreuse, fraternelle et lumineuse.
Texte : Hélène Dorion. Composition, sétar et direction musicale : Kiya Tabassian. Direction photo : Youssef Shoufan. Caméra : Alain Bisson. Lumières : Ateliers Cocotte. Avec Suzie Leblanc, soprano, et les musiciens : Didem Başar (kanum), Élinor Frey (violoncelle baroque), Patrick Graham (percussions), Tanya Laperrière (violon baroque), Amijai Shalev (bandonéon). Une présentation de l’ensemble Constantinople, en partenariat avec la Société pour les arts en milieu de santé, enregistrée à la Salle Bourgie du Musée des beaux-arts de Montréal le 24 octobre 2020 et disponible en webdiffusion sur le site de l’ensemble Constantinople.
Issu d’une multitude de témoignages, exprimé par les mélodies métissées de Kiya Tabassian et de ses musicien·nes, porté par deux voix alternées, celle de la poétesse Hélène Dorion et celle de la cantatrice Suzie Leblanc, ce concert-spectacle de l’ensemble Constantinople, d’une prégnante beauté, est également d’une surprenante unité de ton.
Basé sur les histoires de vie recueillies entre 2016 et 2019 par Dorion et Tabassian auprès de personnes âgées hébergées dans des résidences « de longue durée », Le temps des forêts apparaît d’abord d’une criante actualité en ces temps de pandémie où les CHLSD ont été les tristes vedettes de l’incurie des gouvernements et du désintérêt de la population. Les vieux et les vieilles oublié·es du Québec et d’ailleurs retrouvent un nom (Pauline, Édouard, Sophie…), un lieu (Amos, Gaspé, Montréal…), une voix.
Le compositeur d’origine iranienne a immergé ces récits d’un autre temps dans un univers sonore traversé des multiples influences de ses racines et de sa formation : Moyen-Orient, Méditerranée, baroque européen, jusqu’au réel traditionnel de nos violoneux et violoneuses. L’écrivaine québécoise les a fondus au creuset de sa propre sensibilité et en a fait un poème. Que la soprano venue d’Acadie reprend et sublime par son chant.
Dialogue
La fusion est si bien faite qu’on n’a pas l’impression d’un montage, mais d’une œuvre originale. Cette suite poétique et musicale articulée en un cycle de sept mouvements nous fait voyager à travers le temps et l’espace, de la « Terre des ancêtres » à ce « temps des forêts », celui des anciens, de l’espoir, peut-être.
Nul besoin de décor pour cette aventure de l’esprit et des sens, sinon ces légers ballons suspendus, intemporels et festifs, comme des lampes chinoises ou des origamis. C’est que les six musicien·nes sont là, entourant les deux interprètes, prolongeant le timbre brillant et caressant de la soprano, commentant les phrases de la narratrice sur un rythme endiablé, nostalgique, déchirant ou sensuel.
En dépit de l’omniprésence envoûtante des instruments, le spectacle n’est pas seulement concert. Il est aussi théâtre par le texte fondateur des paroles des ancien·nes, il est échange, non seulement entre les mots et les notes, mais également entre la chanteuse et la poétesse, la première reprenant les vers de la seconde. Cette conversation alternée qui se retrouve à l’intérieur des sept mouvements du cycle donne à l’œuvre sa précision et sa clarté, et culmine dans le duo final, les deux femmes en face à face, l’une disant, l’autre chantant.
Rien ne remplace la complicité entre spectateurs et spectatrices ni le plaisir complet de la présence des artistes. Néanmoins, la captation vidéo permet-elle ces 50 minutes d’intimité avec les interprètes d’une œuvre généreuse, fraternelle et lumineuse.
Le temps des forêts
Texte : Hélène Dorion. Composition, sétar et direction musicale : Kiya Tabassian. Direction photo : Youssef Shoufan. Caméra : Alain Bisson. Lumières : Ateliers Cocotte. Avec Suzie Leblanc, soprano, et les musiciens : Didem Başar (kanum), Élinor Frey (violoncelle baroque), Patrick Graham (percussions), Tanya Laperrière (violon baroque), Amijai Shalev (bandonéon). Une présentation de l’ensemble Constantinople, en partenariat avec la Société pour les arts en milieu de santé, enregistrée à la Salle Bourgie du Musée des beaux-arts de Montréal le 24 octobre 2020 et disponible en webdiffusion sur le site de l’ensemble Constantinople.