Dans un paysage maritime, une femme enceinte s’affaire sur le quai, vaquant aux diverses tâches quotidiennes d’une femme de pêcheur, autrefois. Ses gestes lents épousent le mouvement du temps qui s’écoule doucement, dans l’attente du retour de son homme parti en mer. Son regard rêveur scrute l’horizon, tandis que derrière elle sont projetées des images de l’absent sur son bateau. Si loin, si proche…
Pendant 30 minutes, les enfants de 1 à 4 ans, qui vivent souvent là leur première expérience théâtrale, sont transporté·es au bord de la mer, avec le clapotement des vagues contre le quai, les cris des mouettes qui semblent passer au-dessus de leur tête et des flots chatoyants à l’arrière-plan. Sans paroles, les cofondatrices de la compagnie Les Incomplètes proposent ainsi une initiation au langage théâtral, en visant avant tout l’éveil des sens. Leur très jeune public est d’ailleurs tout ouïe et yeux tout ronds, égayant le déroulement tranquille du spectacle par mille questions, intrigué par le filet de pêche, la cage à homard ou la planche à laver antique.
Des galets et des femmes
Le spectacle est donné en « scène intime », le public prenant place sur le plateau de la Maison Théâtre, confortablement installé par terre sur des sièges-coussins munis de dossiers. Cette configuration enveloppante – en tout respect des mesures de distanciation, bien sûr – favorise l’attention des enfants. Dans ce cocon, Annabelle Pelletier Legros offre une douce présence maternelle avec son ventre rond, ses gestes calmes et patients, qu’elle fasse la lessive, répare le filet de pêche ou prenne son bain, en ombre chinoise derrière un drap. Ici et là, dans les poches de son tablier ou un recoin de son quai, elle trouve un galet, peut-être caché là par son amoureux pour la rassurer, lui rappeler qu’il reviendra bientôt. Son visage s’illumine alors, et la confiance du retour s’ancre en elle, qui embrasse ces galets symboliques et les aligne sur le quai, en un rituel, comme elle égrènerait un chapelet ou cocherait les jours sur un calendrier. Sans doute ses chansons, fredonnées par sa mère, sa grand-mère et des générations de femmes avant elle, lui donnent-elles du courage. Car la mer connaît parfois des tempêtes qui ébranlent l’optimisme de celle qui attend sur la grève.
On se demandera si de tout jeunes enfants peuvent s’attacher à cette histoire de grandes personnes. Mais on peut penser que oui, car ils et elles ont déjà éprouvé les fugitives inquiétudes de l’absence, papa ou maman qui tarde à rentrer ou à arriver à la garderie… Ce sont ces émotions simples et vives liées à l’attente – mélancolie, anxiété, joie des retrouvailles – qui sont évoquées ici avec finesse.
Idéation et mise en scène : Josiane Bernier, Audrey Marchand et Laurence P. Lafaille. Scénographie : Vano Hotton. Costumes : Danielle Boutin, assistée de Julie Morel. Vidéo : Josiane Roberge. Lumières : Keven Dubois. Environnement sonore : Miriane Rouillard. Chansons traditionnelles : Benoît Fortier et Liette Remon. Avec Annabelle Pelletier Legros. Une production des Incomplètes, présentée à la Maison Théâtre jusqu’au 20 juin 2021.
Dans un paysage maritime, une femme enceinte s’affaire sur le quai, vaquant aux diverses tâches quotidiennes d’une femme de pêcheur, autrefois. Ses gestes lents épousent le mouvement du temps qui s’écoule doucement, dans l’attente du retour de son homme parti en mer. Son regard rêveur scrute l’horizon, tandis que derrière elle sont projetées des images de l’absent sur son bateau. Si loin, si proche…
Pendant 30 minutes, les enfants de 1 à 4 ans, qui vivent souvent là leur première expérience théâtrale, sont transporté·es au bord de la mer, avec le clapotement des vagues contre le quai, les cris des mouettes qui semblent passer au-dessus de leur tête et des flots chatoyants à l’arrière-plan. Sans paroles, les cofondatrices de la compagnie Les Incomplètes proposent ainsi une initiation au langage théâtral, en visant avant tout l’éveil des sens. Leur très jeune public est d’ailleurs tout ouïe et yeux tout ronds, égayant le déroulement tranquille du spectacle par mille questions, intrigué par le filet de pêche, la cage à homard ou la planche à laver antique.
Des galets et des femmes
Le spectacle est donné en « scène intime », le public prenant place sur le plateau de la Maison Théâtre, confortablement installé par terre sur des sièges-coussins munis de dossiers. Cette configuration enveloppante – en tout respect des mesures de distanciation, bien sûr – favorise l’attention des enfants. Dans ce cocon, Annabelle Pelletier Legros offre une douce présence maternelle avec son ventre rond, ses gestes calmes et patients, qu’elle fasse la lessive, répare le filet de pêche ou prenne son bain, en ombre chinoise derrière un drap. Ici et là, dans les poches de son tablier ou un recoin de son quai, elle trouve un galet, peut-être caché là par son amoureux pour la rassurer, lui rappeler qu’il reviendra bientôt. Son visage s’illumine alors, et la confiance du retour s’ancre en elle, qui embrasse ces galets symboliques et les aligne sur le quai, en un rituel, comme elle égrènerait un chapelet ou cocherait les jours sur un calendrier. Sans doute ses chansons, fredonnées par sa mère, sa grand-mère et des générations de femmes avant elle, lui donnent-elles du courage. Car la mer connaît parfois des tempêtes qui ébranlent l’optimisme de celle qui attend sur la grève.
On se demandera si de tout jeunes enfants peuvent s’attacher à cette histoire de grandes personnes. Mais on peut penser que oui, car ils et elles ont déjà éprouvé les fugitives inquiétudes de l’absence, papa ou maman qui tarde à rentrer ou à arriver à la garderie… Ce sont ces émotions simples et vives liées à l’attente – mélancolie, anxiété, joie des retrouvailles – qui sont évoquées ici avec finesse.
Depuis la grève
Idéation et mise en scène : Josiane Bernier, Audrey Marchand et Laurence P. Lafaille. Scénographie : Vano Hotton. Costumes : Danielle Boutin, assistée de Julie Morel. Vidéo : Josiane Roberge. Lumières : Keven Dubois. Environnement sonore : Miriane Rouillard. Chansons traditionnelles : Benoît Fortier et Liette Remon. Avec Annabelle Pelletier Legros. Une production des Incomplètes, présentée à la Maison Théâtre jusqu’au 20 juin 2021.