Depuis 1973, le Théâtre de l’Œil pratique l’art de la marionnette auprès du jeune public. Simon Boudreault, récemment nommé directeur artistique, signe ici son tout premier projet dans ces nouvelles fonctions. Furioso est un spectacle qui donne lieu à nombre de réflexions au cœur d’une épopée chevaleresque où les dangers, comme les trésors recherchés, ne se trouvent pas là où on s’y attend.
Le texte d’Olivier Kemeid dépeint les aventures de neuf personnages inspirés de mille et un récits traditionnels anciens. Tout semble en place pour commencer une histoire classique et guillerette. Une jolie princesse prisonnière se sauve de son cachot. Aussitôt, les deux guerriers qui se disputent son amour partent vers des horizons opposés, dans l’espoir de la retrouver. La fugitive et les deux ennemis croisent alors de drôles d’individus qui leur feront voir la vie sous un autre angle : une magicienne maladroite, des monstres fantastiques, un chevalier masqué ainsi qu’un galant naïf. Bien que toute cette bande semble surgir d’un lointain passé, les batailles et les quêtes que chacun·e entreprend auront des dénouements on ne peut plus contemporains.
Au goût du jour
D’un bleu nuit, une énorme carte du ciel occupe tout l’espace de la scène. Certaines parties de cette toile s’ouvrent ou bien se détachent. Cela permet de voir apparaître des marionnettes à tige, à tringle, en aplat, des bunrakus, une marotte et même les quatre comédien·nes marionnettistes, qui demeurent en interaction avec le public tout du long. En plus de manipuler fort habilement les personnages, elles et ils offrent des prestations efficaces.
Visuellement, la production ne se rapproche pas de l’aspect plus éclaté et moderne du récit. Le décor est conventionnel et sombre. Malgré les couleurs et métaux lumineux des costumes et des accessoires, l’ensemble reste prosaïque. Tout cela fonctionne sans pour autant fasciner.
En outre, la trame narrative de la pièce mise en scène par Simon Boudreault est inégale. Par moment, à l’instar de certain·es protagonistes, on se perd dans une forêt de personnages et de situations sans grand intérêt et qui ne servent pas toujours l’histoire. Certains dialogues s’avèrent très appuyés, particulièrement le passage sur l’importance de la communication et le consentement. Si elles et ils apprécient qu’on leur tienne la main, les enfants de 8 à 12 ans, à qui s’adresse le spectacle, n’ont pas besoin de textes prémâchés pour comprendre un message. À l’opposé, toutefois, l’évocation est parfaite dans la scène où deux jeunes femmes partent ensemble vers de nouvelles quêtes. Cela suffit pour conclure à un amour naissant, peu importe de quel ordre il sera.
Le grand intérêt de la production demeure les thèmes qu’on y aborde et les questionnements que l’histoire soulève. Avec la force et l’intégrité de leurs sentiments, ces aventurières et aventuriers arrivent à se défaire des armures imposées par leurs genres, leurs statuts ou leurs allures. Elles et ils démontrent l’importance de défier les stéréotypes encore en place pour devenir soi-même. Ainsi, les monstres ne mangent pas les humain·es, les chevaliers ne sont pas toujours courageux et les princesses s’émancipent.
Malgré bien des écueils, la production atteint un noble objectif. En effet, avec Furioso, le Théâtre de l’Œil stimule la réflexion et offre un réel outil pédagogique, au service des éducatrices et éducateurs.
Texte : Olivier Kemeid. Mise en scène : Simon Boudreault. Scénographie et marionnettes : Richard Lacroix. Ambiance sonore : Michel F. Côté. Éclairages : Gilles Perron. Avec Carolina Chmielewski, Nicolas Germain-Marchand, Simone Latour Bellavance et Jethro Rome. Une production du Théâtre de l’Œil, présentée à la Maison Théâtre jusqu’au 27 février 2022 puis en tournée partout au Québec.
Depuis 1973, le Théâtre de l’Œil pratique l’art de la marionnette auprès du jeune public. Simon Boudreault, récemment nommé directeur artistique, signe ici son tout premier projet dans ces nouvelles fonctions. Furioso est un spectacle qui donne lieu à nombre de réflexions au cœur d’une épopée chevaleresque où les dangers, comme les trésors recherchés, ne se trouvent pas là où on s’y attend.
Le texte d’Olivier Kemeid dépeint les aventures de neuf personnages inspirés de mille et un récits traditionnels anciens. Tout semble en place pour commencer une histoire classique et guillerette. Une jolie princesse prisonnière se sauve de son cachot. Aussitôt, les deux guerriers qui se disputent son amour partent vers des horizons opposés, dans l’espoir de la retrouver. La fugitive et les deux ennemis croisent alors de drôles d’individus qui leur feront voir la vie sous un autre angle : une magicienne maladroite, des monstres fantastiques, un chevalier masqué ainsi qu’un galant naïf. Bien que toute cette bande semble surgir d’un lointain passé, les batailles et les quêtes que chacun·e entreprend auront des dénouements on ne peut plus contemporains.
Au goût du jour
D’un bleu nuit, une énorme carte du ciel occupe tout l’espace de la scène. Certaines parties de cette toile s’ouvrent ou bien se détachent. Cela permet de voir apparaître des marionnettes à tige, à tringle, en aplat, des bunrakus, une marotte et même les quatre comédien·nes marionnettistes, qui demeurent en interaction avec le public tout du long. En plus de manipuler fort habilement les personnages, elles et ils offrent des prestations efficaces.
Visuellement, la production ne se rapproche pas de l’aspect plus éclaté et moderne du récit. Le décor est conventionnel et sombre. Malgré les couleurs et métaux lumineux des costumes et des accessoires, l’ensemble reste prosaïque. Tout cela fonctionne sans pour autant fasciner.
En outre, la trame narrative de la pièce mise en scène par Simon Boudreault est inégale. Par moment, à l’instar de certain·es protagonistes, on se perd dans une forêt de personnages et de situations sans grand intérêt et qui ne servent pas toujours l’histoire. Certains dialogues s’avèrent très appuyés, particulièrement le passage sur l’importance de la communication et le consentement. Si elles et ils apprécient qu’on leur tienne la main, les enfants de 8 à 12 ans, à qui s’adresse le spectacle, n’ont pas besoin de textes prémâchés pour comprendre un message. À l’opposé, toutefois, l’évocation est parfaite dans la scène où deux jeunes femmes partent ensemble vers de nouvelles quêtes. Cela suffit pour conclure à un amour naissant, peu importe de quel ordre il sera.
Le grand intérêt de la production demeure les thèmes qu’on y aborde et les questionnements que l’histoire soulève. Avec la force et l’intégrité de leurs sentiments, ces aventurières et aventuriers arrivent à se défaire des armures imposées par leurs genres, leurs statuts ou leurs allures. Elles et ils démontrent l’importance de défier les stéréotypes encore en place pour devenir soi-même. Ainsi, les monstres ne mangent pas les humain·es, les chevaliers ne sont pas toujours courageux et les princesses s’émancipent.
Malgré bien des écueils, la production atteint un noble objectif. En effet, avec Furioso, le Théâtre de l’Œil stimule la réflexion et offre un réel outil pédagogique, au service des éducatrices et éducateurs.
Furioso
Texte : Olivier Kemeid. Mise en scène : Simon Boudreault. Scénographie et marionnettes : Richard Lacroix. Ambiance sonore : Michel F. Côté. Éclairages : Gilles Perron. Avec Carolina Chmielewski, Nicolas Germain-Marchand, Simone Latour Bellavance et Jethro Rome. Une production du Théâtre de l’Œil, présentée à la Maison Théâtre jusqu’au 27 février 2022 puis en tournée partout au Québec.