Nicolas, adolescent de 17 ans, vit des moments difficiles. L’enfant au sourire lumineux n’est plus que l’ombre de lui-même. Il fait l’école buissonnière, ne s’intéresse plus à rien et devient même agressif avec sa mère. Cette dernière, dépassée par les événements, ne sait plus quoi faire. Nicolas demande à vivre chez son papa, avocat ambitieux, qui s’est détaché de son fils depuis son divorce. D’abord un peu secoué par la requête, le père va finalement accepter et tenter par tous les moyens de se rapprocher de Nicolas et de le rendre heureux. Mais il y a une nouvelle conjointe et un bébé de quelques mois dans le décor, ce qui va causer plusieurs heurts et enfoncer encore plus le jeune homme dans les abysses de la dépression.
La pièce de Florian Zeller, dramaturge français consacré autant en France qu’à l’international, a été créée en 2018 à la Comédie des Champs-Élysées à Paris et vient d’être transposée au grand écran. Le film réalisé en anglais par Florian Zeller et mettant en vedette Hugh Jackman et Zen McGrath prendra d’ailleurs l’affiche au Québec en novembre. En attendant, sa version théâtrale nous est présentée au Théâtre du Rideau Vert dans une adaptation et une mise en scène de René Richard Cyr.
Voir son enfant souffrir d’un mal de vivre chronique est un constat insoutenable auquel bien des parents, séparés ou non, sont confrontés. Malheureusement, il n’existe pas de mode d’emploi pour résoudre le problème. Donc, trop souvent, des attitudes et des décisions bien intentionnées, mais parfois malhabiles, jumelées à un système de santé défaillant, précipitent la victime vers l’inéluctable.
Seul, contre vents et marées
La tragédie attendue n’est toutefois pas au rendez-vous dans ce que nous propose René Richard Cyr. Une mise en scène plutôt convenue et statique, une interprétation inégale, caractérisée tantôt par des épanchements excessifs, tantôt par un ton déclamatoire gênant, nous éloignent de la tension dramatique espérée.
Le décor austère et minimaliste de Pierre-Étienne Locas : un salon aux murs gris, où trône un canapé, prédispose à l’angoisse. Cependant, l’unique meuble que l’on tourne et retourne fréquemment, pour passer rapidement du logis de la mère à celui du père, finit par donner le tournis. Et hormis sa fonction de changements de lieux (une alternance d’éclairages aurait pu convenir), cet objet prend beaucoup de place et apporte peu. À moins qu’on lui ait sous-entendu une vocation de divan psychanalytique… L’éclatement soudain des murs lors d’une crise de Nicolas est une bonne métaphore du désordre psychique qui l’habite. Mais l’effet tombe à plat, faute d’une suite scénographique qui aurait pu illustrer la progression du déséquilibre mental. De plus, la musique de Michel Smith est répétitive et finit par lasser plutôt que de créer l’ambiance anxiogène escomptée.
À l’instar du bras rigide de la poupée (personnifiant le nourrisson) qui jaillit du landau, le jeu peu subtil et froid de Stéphanie Arav (Sofia, la nouvelle conjointe de Pierre), contraste avec celui de Sylvie De Morais-Nogueira, qui incarne la mère, éplorée à outrance. Émile Ouellet, quant à lui, ne parvient pas à transmettre toute la fragilité et la détresse de Nicolas, sauf dans la scène la plus émouvante du spectacle, alors qu’il affronte avec virulence son père.
C’est d’ailleurs grâce à lui, Vincent-Guillaume Otis, qui revient sur les planches après six ans d’absence, que cette pièce ne sombre pas complètement. Son interprétation convaincante et nuancée d’un homme coincé entre sa carrière, sa nouvelle conjointe et son rôle de père est remarquable. On le sent tour à tour cartésien, aimant, déboussolé, égoïste et souffrant. Cependant, son aplomb et sa grande générosité ne suffisent pas entièrement à faire oublier le manque d’inspiration et les maladresses de ceux et celles qui l’entourent.
Texte : Florian Zeller. Adaptation et mise en scène : René Richard Cyr. Assistance à la mise en scène : Pascale D’Haese. Décors : Pierre-Étienne Locas. Costumes : Sylvain Genois. Éclairages : Claude Accolas. Musique : Michel Smith. Accessoires : Karine Cusson. Coiffures et maquillages : Jean Bégin. Avec Stéphanie Arav, Sylvie De Morais-Nogueira, Charles-Aubey Houde, Vincent-Guillaume Otis, Émile Ouellette et Frédéric Paquet. Une production du Théâtre du Rideau Vert présentée au Théâtre du Rideau Vert jusqu’au 29 octobre 2022.
Nicolas, adolescent de 17 ans, vit des moments difficiles. L’enfant au sourire lumineux n’est plus que l’ombre de lui-même. Il fait l’école buissonnière, ne s’intéresse plus à rien et devient même agressif avec sa mère. Cette dernière, dépassée par les événements, ne sait plus quoi faire. Nicolas demande à vivre chez son papa, avocat ambitieux, qui s’est détaché de son fils depuis son divorce. D’abord un peu secoué par la requête, le père va finalement accepter et tenter par tous les moyens de se rapprocher de Nicolas et de le rendre heureux. Mais il y a une nouvelle conjointe et un bébé de quelques mois dans le décor, ce qui va causer plusieurs heurts et enfoncer encore plus le jeune homme dans les abysses de la dépression.
La pièce de Florian Zeller, dramaturge français consacré autant en France qu’à l’international, a été créée en 2018 à la Comédie des Champs-Élysées à Paris et vient d’être transposée au grand écran. Le film réalisé en anglais par Florian Zeller et mettant en vedette Hugh Jackman et Zen McGrath prendra d’ailleurs l’affiche au Québec en novembre. En attendant, sa version théâtrale nous est présentée au Théâtre du Rideau Vert dans une adaptation et une mise en scène de René Richard Cyr.
Voir son enfant souffrir d’un mal de vivre chronique est un constat insoutenable auquel bien des parents, séparés ou non, sont confrontés. Malheureusement, il n’existe pas de mode d’emploi pour résoudre le problème. Donc, trop souvent, des attitudes et des décisions bien intentionnées, mais parfois malhabiles, jumelées à un système de santé défaillant, précipitent la victime vers l’inéluctable.
Seul, contre vents et marées
La tragédie attendue n’est toutefois pas au rendez-vous dans ce que nous propose René Richard Cyr. Une mise en scène plutôt convenue et statique, une interprétation inégale, caractérisée tantôt par des épanchements excessifs, tantôt par un ton déclamatoire gênant, nous éloignent de la tension dramatique espérée.
Le décor austère et minimaliste de Pierre-Étienne Locas : un salon aux murs gris, où trône un canapé, prédispose à l’angoisse. Cependant, l’unique meuble que l’on tourne et retourne fréquemment, pour passer rapidement du logis de la mère à celui du père, finit par donner le tournis. Et hormis sa fonction de changements de lieux (une alternance d’éclairages aurait pu convenir), cet objet prend beaucoup de place et apporte peu. À moins qu’on lui ait sous-entendu une vocation de divan psychanalytique… L’éclatement soudain des murs lors d’une crise de Nicolas est une bonne métaphore du désordre psychique qui l’habite. Mais l’effet tombe à plat, faute d’une suite scénographique qui aurait pu illustrer la progression du déséquilibre mental. De plus, la musique de Michel Smith est répétitive et finit par lasser plutôt que de créer l’ambiance anxiogène escomptée.
À l’instar du bras rigide de la poupée (personnifiant le nourrisson) qui jaillit du landau, le jeu peu subtil et froid de Stéphanie Arav (Sofia, la nouvelle conjointe de Pierre), contraste avec celui de Sylvie De Morais-Nogueira, qui incarne la mère, éplorée à outrance. Émile Ouellet, quant à lui, ne parvient pas à transmettre toute la fragilité et la détresse de Nicolas, sauf dans la scène la plus émouvante du spectacle, alors qu’il affronte avec virulence son père.
C’est d’ailleurs grâce à lui, Vincent-Guillaume Otis, qui revient sur les planches après six ans d’absence, que cette pièce ne sombre pas complètement. Son interprétation convaincante et nuancée d’un homme coincé entre sa carrière, sa nouvelle conjointe et son rôle de père est remarquable. On le sent tour à tour cartésien, aimant, déboussolé, égoïste et souffrant. Cependant, son aplomb et sa grande générosité ne suffisent pas entièrement à faire oublier le manque d’inspiration et les maladresses de ceux et celles qui l’entourent.
Le Fils
Texte : Florian Zeller. Adaptation et mise en scène : René Richard Cyr. Assistance à la mise en scène : Pascale D’Haese. Décors : Pierre-Étienne Locas. Costumes : Sylvain Genois. Éclairages : Claude Accolas. Musique : Michel Smith. Accessoires : Karine Cusson. Coiffures et maquillages : Jean Bégin. Avec Stéphanie Arav, Sylvie De Morais-Nogueira, Charles-Aubey Houde, Vincent-Guillaume Otis, Émile Ouellette et Frédéric Paquet. Une production du Théâtre du Rideau Vert présentée au Théâtre du Rideau Vert jusqu’au 29 octobre 2022.