Que notre joie demeure : Avant-goût d’une pièce d’Angela Konrad
Le FIL a pris beaucoup de coffre pendant ses 29 ans d’existence. Les lectures se théâtralisent de plus en plus, certaines pouvant être carrément être qualifiées de pièces de théâtre. Même ce n’est pas tout à fait le cas du spectacle Que notre joie demeure d’Angela Konrad d’après le roman de Kevin Lambert, d’intenses moments surviennent lorsque les interprètes délaissent leur texte. Ailleurs, la mise en « lecture » reste tout de même des plus dynamiques.
Ce roman d’une grande ironie sur l’essor et la chute d’une architecte montréalaise de réputation internationale (suave Lise Roy) évoquée lors de la soirée d’anniversaire de son amie (touchante Marie-Thérèse Fortin) porte la marque d’Angela Konrad. D’un style se rapprochant souvent du récit ou de l’essai, le texte a été finement découpé afin de construire un arc dramatique solide. La distribution prend plaisir à sauter le quatrième mur par moments et à s’échanger coup sur coup des répliques provenant d’un livre où il y a pourtant peu de dialogues. Musique, éclairages, vidéos, micro… ne sont quelque quelques éléments qui démontrent l’avancée du projet.
Bref, on sent qu’il s’agit là d’une mise en bouche, comme le confirme l’expression « à suivre » apparaissant à l’écran une fois le spectacle terminé.
Texte : Kevin Lambert (Héliotrope). Idéation, montage et mise en lecture : Angela Konrad. Assistance : Suzanne Crocker. Régie : Julie Abran. Dessin : Anick La Bissonnière. Vidéo : Alexandre Desjardins. Son : Simon Gauthier. Lumières : Chani Leibovici. Interprétation : Lise Roy, Marie-Thérèse Fortin, Ariane Castellanos, Ralph Prosper. Une production du FIL en codiffusion avec l’Usine C présentée les 24 et 25 septembre 2023 à l’Usine C.
Les arcanes : Flamboyant Étienne Pilon
Avec Les arcanes, nous entrons de plain-pied dans le théâtre. Ce magnifique premier texte pour la scène de Tristan Malavoy est interprété avec flamboyance par Étienne Pilon. Il a été dirigé ici par le chorégraphe Paul-André Fortier qui lui a imposé des gestes et des poses exigeantes pour un comédien, lui permettant cependant de se dépasser en termes d’utilisation de son corps.
Certaines scènes sont fort émouvantes, notamment celle d’un tragique débarquement militaire, au sein de ce récit qui fait se rencontrer, en imagination, un informaticien timoré et son grand-père vétéran de la Deuxième grande Guerre. Partant de l’image d’une mine d’où on extrait les métaux servant à la fabrication d’ordinateurs, la langue poétique de l’auteur tisse des fils autour d’une relation filiale qui remet en question l’existence même des deux personnages évoqués.
Les éclairages précis de Lucie Bazzo et la musique inquiète d’Alexander MacSween complètent ce très beau spectacle qui devrait mériter un prix à Étienne Pilon.
Texte : Tristan Malavoy (Quai no 5). Mise en scène : Paul-André Fortier. Musique originale : Alexander MacSween. Costume : Denis Lavoie. Lumières : Lucie Bazzo. Direction de production : Jérémy Vérain. Interprétation : Étienne Pilon. Une coprésentation du FIL et du Théâtre Prospero offerte du 26 septembre au 14 octobre 2023 au Théâtre Prospero.
Ma vie rouge Kubrick : Comme au cinéma
Il en va autrement pour Ma vie rouge Kubrick, une adaptation du roman de Simon Roy qui nous a quitté récemment. Ce spectacle un peu long est tout de même mis en scène avec beaucoup de finesse et de respect par Éric Jean. Il s’agit d’une lecture plus traditionnelle, texte en main, bellement accompagnée toutefois d’accessoires pertinents, des lumières de Cédric Delorme-Bouchard et de vidéos de Julien Blais.
Dans cet écrin, Maxim Gaudette y va d’une performance convaincante. Il incarne très bien un écrivain qui se relit, annotant ici et là quelques réflexions, et devenant fragile lorsqu’il parle du sombre destin de sa mère. Une idée brillante de mise en scène survient vers la fin lorsqu’un autre personnage se joint au lecteur/auteur dans un dialogue, à la fois mystérieux et ludique, dans le style du film de Stanley Kubrick The Shining, qui avait inspiré Simon Roy au départ .
Ces trois spectacles nous démontrent clairement que les lectures avec lutrin, même si la technique reste utilisée, peut être contournée habilement par des éléments de mise en scène et de conception scénique originaux. Le FIL reste encore le plus théâtral des festivals de littérature, comme a si bien déjà dit l’ex-rédacteur en chef de Jeu, Raymond Bertin.
Texte : Simon Roy (Éditions du Boréal). Idée originale, adaptation et mise en scène : Eric Jean. Assistance et régie : Thomas Lapointe. Vidéo : Julien Blais. Lumières : Cédric Delorme-Bouchard. Interprétation : Maxim Gaudette. Une création des 2 Mondes, en coproduction avec le FIL, présentée au LAB2M du 27 au 29 septembre 2023.
Que notre joie demeure : Avant-goût d’une pièce d’Angela Konrad
Le FIL a pris beaucoup de coffre pendant ses 29 ans d’existence. Les lectures se théâtralisent de plus en plus, certaines pouvant être carrément être qualifiées de pièces de théâtre. Même ce n’est pas tout à fait le cas du spectacle Que notre joie demeure d’Angela Konrad d’après le roman de Kevin Lambert, d’intenses moments surviennent lorsque les interprètes délaissent leur texte. Ailleurs, la mise en « lecture » reste tout de même des plus dynamiques.
Ce roman d’une grande ironie sur l’essor et la chute d’une architecte montréalaise de réputation internationale (suave Lise Roy) évoquée lors de la soirée d’anniversaire de son amie (touchante Marie-Thérèse Fortin) porte la marque d’Angela Konrad. D’un style se rapprochant souvent du récit ou de l’essai, le texte a été finement découpé afin de construire un arc dramatique solide. La distribution prend plaisir à sauter le quatrième mur par moments et à s’échanger coup sur coup des répliques provenant d’un livre où il y a pourtant peu de dialogues. Musique, éclairages, vidéos, micro… ne sont quelque quelques éléments qui démontrent l’avancée du projet.
Bref, on sent qu’il s’agit là d’une mise en bouche, comme le confirme l’expression « à suivre » apparaissant à l’écran une fois le spectacle terminé.
Que notre joie demeure
Texte : Kevin Lambert (Héliotrope). Idéation, montage et mise en lecture : Angela Konrad. Assistance : Suzanne Crocker. Régie : Julie Abran. Dessin : Anick La Bissonnière. Vidéo : Alexandre Desjardins. Son : Simon Gauthier. Lumières : Chani Leibovici. Interprétation : Lise Roy, Marie-Thérèse Fortin, Ariane Castellanos, Ralph Prosper. Une production du FIL en codiffusion avec l’Usine C présentée les 24 et 25 septembre 2023 à l’Usine C.
Les arcanes : Flamboyant Étienne Pilon
Avec Les arcanes, nous entrons de plain-pied dans le théâtre. Ce magnifique premier texte pour la scène de Tristan Malavoy est interprété avec flamboyance par Étienne Pilon. Il a été dirigé ici par le chorégraphe Paul-André Fortier qui lui a imposé des gestes et des poses exigeantes pour un comédien, lui permettant cependant de se dépasser en termes d’utilisation de son corps.
Certaines scènes sont fort émouvantes, notamment celle d’un tragique débarquement militaire, au sein de ce récit qui fait se rencontrer, en imagination, un informaticien timoré et son grand-père vétéran de la Deuxième grande Guerre. Partant de l’image d’une mine d’où on extrait les métaux servant à la fabrication d’ordinateurs, la langue poétique de l’auteur tisse des fils autour d’une relation filiale qui remet en question l’existence même des deux personnages évoqués.
Les éclairages précis de Lucie Bazzo et la musique inquiète d’Alexander MacSween complètent ce très beau spectacle qui devrait mériter un prix à Étienne Pilon.
Les arcanes
Texte : Tristan Malavoy (Quai no 5). Mise en scène : Paul-André Fortier. Musique originale : Alexander MacSween. Costume : Denis Lavoie. Lumières : Lucie Bazzo. Direction de production : Jérémy Vérain. Interprétation : Étienne Pilon. Une coprésentation du FIL et du Théâtre Prospero offerte du 26 septembre au 14 octobre 2023 au Théâtre Prospero.
Ma vie rouge Kubrick : Comme au cinéma
Il en va autrement pour Ma vie rouge Kubrick, une adaptation du roman de Simon Roy qui nous a quitté récemment. Ce spectacle un peu long est tout de même mis en scène avec beaucoup de finesse et de respect par Éric Jean. Il s’agit d’une lecture plus traditionnelle, texte en main, bellement accompagnée toutefois d’accessoires pertinents, des lumières de Cédric Delorme-Bouchard et de vidéos de Julien Blais.
Dans cet écrin, Maxim Gaudette y va d’une performance convaincante. Il incarne très bien un écrivain qui se relit, annotant ici et là quelques réflexions, et devenant fragile lorsqu’il parle du sombre destin de sa mère. Une idée brillante de mise en scène survient vers la fin lorsqu’un autre personnage se joint au lecteur/auteur dans un dialogue, à la fois mystérieux et ludique, dans le style du film de Stanley Kubrick The Shining, qui avait inspiré Simon Roy au départ .
Ces trois spectacles nous démontrent clairement que les lectures avec lutrin, même si la technique reste utilisée, peut être contournée habilement par des éléments de mise en scène et de conception scénique originaux. Le FIL reste encore le plus théâtral des festivals de littérature, comme a si bien déjà dit l’ex-rédacteur en chef de Jeu, Raymond Bertin.
Ma vie rouge Kubrick
Texte : Simon Roy (Éditions du Boréal). Idée originale, adaptation et mise en scène : Eric Jean. Assistance et régie : Thomas Lapointe. Vidéo : Julien Blais. Lumières : Cédric Delorme-Bouchard. Interprétation : Maxim Gaudette. Une création des 2 Mondes, en coproduction avec le FIL, présentée au LAB2M du 27 au 29 septembre 2023.