Le spectacle s’ouvre sur un singulier personnage au long manteau qui, après s’être admiré dans une glace, toise les enfants de l’assistance d’un œil plutôt inquiétant. C’est lui, le Prince Panthère. Il se déplace dans une chambre d’enfant où, derrière un mur tapissé de feuilles de palmiers, trône une commode surdimensionnée. En passant par ce meuble, selon lui, on accède à son royaume, un monde imaginaire aux couleurs magnifiées et éclatantes nommé Panthésia. L’élégant Prince se propose de nous raconter les mésaventures de Christine, à qui appartient la chambre. Pour ce faire, Bongo, la peluche favorite de l’enfant, se joint au Prince.
Le Petit Théâtre de Sherbrooke propose une adaptation librement inspirée du roman graphique pour adulte Panthère (2019 en français, Acte Sud) de l’auteur flamand Brecht Evens. Sur la sombre thématique du deuil et de l’absence, ce spectacle mise avec brio sur l’ambiguïté des sentiments, l’étrange et le mystérieux.
Veillée funèbre
Rien ne sourit à Christine ces temps-ci. En plus de subir l’absence de sa mère, qui a quitté la maison en l’abandonnant seule avec son père, son chat Patchouli décède chez le vétérinaire. Elle ne sait pas comment réagir. Alors, elle va rugir. S’organise donc un hommage au félin trépassé. Rapidement, l’événement improvisé prend des allures de freak show décapant avec des chansons fantasques et des performances d’humour sarcastique.
La courbe narrative du spectacle s’avère incongrue et déstabilisante. Au départ, on ne sait trop quoi penser de cette confusion puis, elle prend son sens au fur et à mesure que l’on comprend le chaos qui règne dans l’esprit de Christine. Le choix de cette irrégularité démontre à quel point le Petit Théâtre de Sherbrooke fait confiance à l’intelligence de son jeune public.
À l’idéation et à la mise en scène, le duo composé d’Érika Tremblay-Roy, qui signe également le texte, et de Gilles Abel s’avère sans contredit efficace. La pièce est à la fois drôle et dérangeante, elle fait rire, réfléchir et pose plusieurs questions, de manière littérale comme dans l’absolu. De plus, on n’hésite pas à prendre le risque de laisser une part importante à l’improvisation; les deux comédiennes interagissent beaucoup avec le public.
Véronique Pascal est parfaite dans le rôle du prince avec sa voix grave (elle chante d’ailleurs divinement bien) et sa gestuelle hautaine. Elle s’amuse en subtilité à faire de son personnage un être complexe de qui on se méfie parfois, qu’on prend en pitié ou bien qu’on trouve franchement drôle. Bonzo, joué par Anne-Marie Côté, est plus clownesque, mais la comédienne relève le défi d’en faire une contrepartie qui équilibre la paire.
L’écriture fine se colle à merveille au propos, en plus de s’avérer mobilisatrice pour un jeune auditoire. Les répliques irrévérencieuses font rire alors que celles plus dramatiques font réfléchir. Érika Tremblay-Roy excelle dans l’art de faire comprendre des états d’âme sans jamais les nommer de front.
Bien qu’on vise un public de 10 à 14 ans, le ton et l’univers rejoindront davantage les plus jeunes. Malgré le sujet sombre, ce spectacle ne rebute pas le public puisqu’il offre une expérience lumineuse et philosophique dont on ne saurait priver les enfants ni les adultes d’ailleurs.
Idéation : Gilles Abel et Érika Tremblay-Roy. Texte : Érika Tremblay-Roy, librement inspiré du roman graphique Panthère de Brecht Evens. Mise en scène : Gilles Abel et Érika Tremblay-Roy. Scénographie : Claire Renaud. Costumes : Manon Guiraud. Musique : Ariane Bisson-McLernon. Lumière : Andréanne Deschênes. Direction technique : Samuel Thériault. Direction de production et régie : Andréanne Deschênes. Photos : Sylvain Lussier. Avec : Véronique Pascal et Anne-Marie Côté. Une production du Petit Théâtre de Sherbrooke pour les 10 à 14 ans présentée à la Maison Théâtre jusqu’au 11 novembre 2023.
Le spectacle s’ouvre sur un singulier personnage au long manteau qui, après s’être admiré dans une glace, toise les enfants de l’assistance d’un œil plutôt inquiétant. C’est lui, le Prince Panthère. Il se déplace dans une chambre d’enfant où, derrière un mur tapissé de feuilles de palmiers, trône une commode surdimensionnée. En passant par ce meuble, selon lui, on accède à son royaume, un monde imaginaire aux couleurs magnifiées et éclatantes nommé Panthésia. L’élégant Prince se propose de nous raconter les mésaventures de Christine, à qui appartient la chambre. Pour ce faire, Bongo, la peluche favorite de l’enfant, se joint au Prince.
Le Petit Théâtre de Sherbrooke propose une adaptation librement inspirée du roman graphique pour adulte Panthère (2019 en français, Acte Sud) de l’auteur flamand Brecht Evens. Sur la sombre thématique du deuil et de l’absence, ce spectacle mise avec brio sur l’ambiguïté des sentiments, l’étrange et le mystérieux.
Veillée funèbre
Rien ne sourit à Christine ces temps-ci. En plus de subir l’absence de sa mère, qui a quitté la maison en l’abandonnant seule avec son père, son chat Patchouli décède chez le vétérinaire. Elle ne sait pas comment réagir. Alors, elle va rugir. S’organise donc un hommage au félin trépassé. Rapidement, l’événement improvisé prend des allures de freak show décapant avec des chansons fantasques et des performances d’humour sarcastique.
La courbe narrative du spectacle s’avère incongrue et déstabilisante. Au départ, on ne sait trop quoi penser de cette confusion puis, elle prend son sens au fur et à mesure que l’on comprend le chaos qui règne dans l’esprit de Christine. Le choix de cette irrégularité démontre à quel point le Petit Théâtre de Sherbrooke fait confiance à l’intelligence de son jeune public.
À l’idéation et à la mise en scène, le duo composé d’Érika Tremblay-Roy, qui signe également le texte, et de Gilles Abel s’avère sans contredit efficace. La pièce est à la fois drôle et dérangeante, elle fait rire, réfléchir et pose plusieurs questions, de manière littérale comme dans l’absolu. De plus, on n’hésite pas à prendre le risque de laisser une part importante à l’improvisation; les deux comédiennes interagissent beaucoup avec le public.
Véronique Pascal est parfaite dans le rôle du prince avec sa voix grave (elle chante d’ailleurs divinement bien) et sa gestuelle hautaine. Elle s’amuse en subtilité à faire de son personnage un être complexe de qui on se méfie parfois, qu’on prend en pitié ou bien qu’on trouve franchement drôle. Bonzo, joué par Anne-Marie Côté, est plus clownesque, mais la comédienne relève le défi d’en faire une contrepartie qui équilibre la paire.
L’écriture fine se colle à merveille au propos, en plus de s’avérer mobilisatrice pour un jeune auditoire. Les répliques irrévérencieuses font rire alors que celles plus dramatiques font réfléchir. Érika Tremblay-Roy excelle dans l’art de faire comprendre des états d’âme sans jamais les nommer de front.
Bien qu’on vise un public de 10 à 14 ans, le ton et l’univers rejoindront davantage les plus jeunes. Malgré le sujet sombre, ce spectacle ne rebute pas le public puisqu’il offre une expérience lumineuse et philosophique dont on ne saurait priver les enfants ni les adultes d’ailleurs.
Prince Panthère
Idéation : Gilles Abel et Érika Tremblay-Roy. Texte : Érika Tremblay-Roy, librement inspiré du roman graphique Panthère de Brecht Evens. Mise en scène : Gilles Abel et Érika Tremblay-Roy. Scénographie : Claire Renaud. Costumes : Manon Guiraud. Musique : Ariane Bisson-McLernon. Lumière : Andréanne Deschênes. Direction technique : Samuel Thériault. Direction de production et régie : Andréanne Deschênes. Photos : Sylvain Lussier. Avec : Véronique Pascal et Anne-Marie Côté. Une production du Petit Théâtre de Sherbrooke pour les 10 à 14 ans présentée à la Maison Théâtre jusqu’au 11 novembre 2023.