Amitiés, amours et scolarité : les jeunes du secondaire sont en terrain connu dans ce spectacle musical créé avec la complicité de dramaturges en herbe. Squelettes arts vivants est une jeune compagnie qui, dans cette toute première production, ancre sa pratique dans une proposition « indisciplinée » destinée à un public adolescent.
Mur décoré de disques vinyle, sofa et tapis élimés, de nombreux instruments, une estrade et un coin d’ombre : le spectacle s’ouvre sur une salle de répétition musicale bien fournie dans une école secondaire. Fidèle à son titre, Vacarmes fait grand usage des instruments disposés d’un bout à l’autre de la scène, dont les accords accompagnent les confidences des personnages. Le rock soutient ces confessions, parfois d’une intimité désarmante, de même qu’il appuie les interactions entre personnages et sert de prétexte au partage des exaltations.
Axé sur une thématique a priori assez classique, le spectacle met toutefois au goût du jour les questions éternelles du théâtre musical pour jeunes, depuis les relations amoureuses à l’école jusqu’à la communication entre garçons en passant par les rapports avec les parents, le sport et les résultats scolaires. On y traite d’un des aspects sombres, mais porteurs de l’adolescence, cette « rage au corps » qui, quelle qu’en soit la cause exacte — mal-être ? aliénation ? — prends aux tripes et donne une furieuse envie de hurler, de taper, de tout casser.
Et de fait, on ne sait pas toujours pourquoi cette rage déborde. L’intensité du jeu des comédiens et des comédiennes est parfois décalée par rapport à ce que suggère le texte; on peut être surpris d’une explosion d’émotion que rien ne laissait présager. En dehors de cela, les personnages s’expriment d’une manière authentique, notamment en chantant ou en rappant. Leur usage d’une langue émaillée d’expressions en anglais, d’abréviations et de néologismes fait résonner la créativité linguistique avec laquelle les ados de tous les temps ont toujours construit, déconstruit et reconstruit leur identité.
Récit choral
Audrey, Cindy, DJ, Estelle, Gaël, Simon et Zeliyh forment une fresque mouvante et hétéroclite dont on peut apprécier la discordance occasionnelle. Le personnage d’Huguette, à la chronologie personnelle quelque peu improbable, offre aux jeunes ses effusions de tendresse en plus d’une profusion de compliments et d’anecdotes gênantes. Leurs échanges, les réactions d’irritation amusée face à l’exubérance de la seule adulte du lot font certainement vibrer une corde sensible chez les parents comme chez les enfants.
Les personnages manient avec aisance les instruments, mais c’est au chant qu’on les apprécie encore davantage, pour la plupart, lors des numéros d’ensemble. Les cinq voix féminines sont de toute beauté, chacune dans un style différent, et s’allient entre elles avec suavité. Les chorégraphies efficaces, qu’elles soient humoristiques ou passionnées, sont mises en valeur par les éclairages d’une belle précision.
On notera la présence exceptionnelle d’Étienne Laforge et l’agilité élégante et expressive qu’il prête au personnage de Simon, le rappeur romantique. Par ailleurs, il est dommage de devoir attendre à la fin pour entendre la voix de Gaël (Émilie Versailles), personnage timide et énigmatique au timbre de velours, pour comprendre ce qui l’anime.
Ce spectacle dynamique au tempo bien marqué trace les grandes lignes des questionnements propres à l’adolescence. Tonitruant, certes, mais le tumulte des corps et des relations parfois cacophoniques y cède aimablement la place à la délicatesse des émois nouveaux.
Texte et musique : Denzel, Aurélie Fortin, Cathy Fried, Jean L’océan, David Noël et Annie Préfontaine en collaboration avec des jeunes de 13 à 16 ans et trois classes d’art dramatique. Mise en scène : Héloïse Desrochers. Direction musicale et orchestration : Cathy Fried. Direction artistique : Annie Préfontaine. Avec Delphine Bertrand, Nicolas Dupuis, Geneviève Goupil, Maya Hegetschweiler, Étienne Laforge, Olivier Magnan-Bossé, Émilie Versailles et Aline Winant. Une production de Squelettes arts vivants, présentée au Théâtre Denise-Pelletier jusqu’au 16 décembre 2023.
Amitiés, amours et scolarité : les jeunes du secondaire sont en terrain connu dans ce spectacle musical créé avec la complicité de dramaturges en herbe. Squelettes arts vivants est une jeune compagnie qui, dans cette toute première production, ancre sa pratique dans une proposition « indisciplinée » destinée à un public adolescent.
Mur décoré de disques vinyle, sofa et tapis élimés, de nombreux instruments, une estrade et un coin d’ombre : le spectacle s’ouvre sur une salle de répétition musicale bien fournie dans une école secondaire. Fidèle à son titre, Vacarmes fait grand usage des instruments disposés d’un bout à l’autre de la scène, dont les accords accompagnent les confidences des personnages. Le rock soutient ces confessions, parfois d’une intimité désarmante, de même qu’il appuie les interactions entre personnages et sert de prétexte au partage des exaltations.
Axé sur une thématique a priori assez classique, le spectacle met toutefois au goût du jour les questions éternelles du théâtre musical pour jeunes, depuis les relations amoureuses à l’école jusqu’à la communication entre garçons en passant par les rapports avec les parents, le sport et les résultats scolaires. On y traite d’un des aspects sombres, mais porteurs de l’adolescence, cette « rage au corps » qui, quelle qu’en soit la cause exacte — mal-être ? aliénation ? — prends aux tripes et donne une furieuse envie de hurler, de taper, de tout casser.
Et de fait, on ne sait pas toujours pourquoi cette rage déborde. L’intensité du jeu des comédiens et des comédiennes est parfois décalée par rapport à ce que suggère le texte; on peut être surpris d’une explosion d’émotion que rien ne laissait présager. En dehors de cela, les personnages s’expriment d’une manière authentique, notamment en chantant ou en rappant. Leur usage d’une langue émaillée d’expressions en anglais, d’abréviations et de néologismes fait résonner la créativité linguistique avec laquelle les ados de tous les temps ont toujours construit, déconstruit et reconstruit leur identité.
Récit choral
Audrey, Cindy, DJ, Estelle, Gaël, Simon et Zeliyh forment une fresque mouvante et hétéroclite dont on peut apprécier la discordance occasionnelle. Le personnage d’Huguette, à la chronologie personnelle quelque peu improbable, offre aux jeunes ses effusions de tendresse en plus d’une profusion de compliments et d’anecdotes gênantes. Leurs échanges, les réactions d’irritation amusée face à l’exubérance de la seule adulte du lot font certainement vibrer une corde sensible chez les parents comme chez les enfants.
Les personnages manient avec aisance les instruments, mais c’est au chant qu’on les apprécie encore davantage, pour la plupart, lors des numéros d’ensemble. Les cinq voix féminines sont de toute beauté, chacune dans un style différent, et s’allient entre elles avec suavité. Les chorégraphies efficaces, qu’elles soient humoristiques ou passionnées, sont mises en valeur par les éclairages d’une belle précision.
On notera la présence exceptionnelle d’Étienne Laforge et l’agilité élégante et expressive qu’il prête au personnage de Simon, le rappeur romantique. Par ailleurs, il est dommage de devoir attendre à la fin pour entendre la voix de Gaël (Émilie Versailles), personnage timide et énigmatique au timbre de velours, pour comprendre ce qui l’anime.
Ce spectacle dynamique au tempo bien marqué trace les grandes lignes des questionnements propres à l’adolescence. Tonitruant, certes, mais le tumulte des corps et des relations parfois cacophoniques y cède aimablement la place à la délicatesse des émois nouveaux.
Vacarmes : le concert théâtral
Texte et musique : Denzel, Aurélie Fortin, Cathy Fried, Jean L’océan, David Noël et Annie Préfontaine en collaboration avec des jeunes de 13 à 16 ans et trois classes d’art dramatique. Mise en scène : Héloïse Desrochers. Direction musicale et orchestration : Cathy Fried. Direction artistique : Annie Préfontaine. Avec Delphine Bertrand, Nicolas Dupuis, Geneviève Goupil, Maya Hegetschweiler, Étienne Laforge, Olivier Magnan-Bossé, Émilie Versailles et Aline Winant. Une production de Squelettes arts vivants, présentée au Théâtre Denise-Pelletier jusqu’au 16 décembre 2023.