La compagnie Menuentakuan (Charles Bender, Marco Collin et Xavier Huard) est installée désormais aux Écuries. L’équipe a eu l’idée de présenter un festival, les Autochtoneries, pour célébrer leur arrivée dans leurs nouveaux locaux et faire valoir les écritures autochtones contemporaines.
Dans le programme du festival, on lit les mots pièces, lectures, discussions, banquet,… Cela a dû vous prendre un temps fou en préparation. Comment y êtes-vous arrivés ?
Les Autochtoneries aux Écuries c’est notre arrivée officielle sur les planches du Théâtre du même nom, « notre prise de possession du territoire Écuriens » ! En résumé, notre désir est de rassembler les œuvres qui nous ont fait vibrer et qui portent en elles la mission de notre compagnie Menuentakuan, c’est-à-dire de rallier par nos processus de création, Allochtones et Autochtones. Notre prétention reste simple : l’agora théâtrale est un outil qui nous permet de repousser le point de fuite de nos idéaux et de labourer la terre d’un imaginaire commun en construction. Ce serait absurde de s’en priver, non ? Trouverons-nous des axes de préhension sur des enjeux sociaux à grande échelle ? Est-ce que les artistes dénicheront des façons insoupçonnées de s’inscrire dans nos mémoires ? Est-ce que l’alchimie des langues et des nations fissurera la dimension qui nous concerne ? Les réponses à ces questions nous échappent encore, alors comme c’est difficile de le prédire, nous nous préparons à toute éventualité.
Est-ce que c’est un projet pilote dans le but d’en faire un événement annuel ?
C’est une très bonne question. Ce n’est pas un pilote, ni un évènement annuel, en fait c’est l’inverse. Les spectacles qui y seront présentés ont récolté du succès au cours des dernières années, lors de tournées à Montréal, mais surtout à l’extérieur de la ville. Par exemple, la pièce Mashinikan, une coproduction du Théâtre La Rubrique et de Menuentakuan, créée à Jonquière d’après le livre de Marco Collin, figure de proue du festival, sera présentée pour la première fois dans la métropole du 11 au 19 avril. On sait que le public de Montréal a été notre tremplin, et que sans lui, nous n’aurions pas eu ce succès en tournée au Québec et au Canada, alors pour nous c’est un retour du balancier. Voilà pourquoi on tient vraiment à faire ça en grand et qu’on a ajouté un maximum d’activités en parallèle aux pièces présentées pendant le festival, sans oublier trois troupes étudiantes qui seront présentes pour des stages de création.
Parlez-nous des textes et des pièces à l’affiche ?
Les Autochtoneries sont nées du désir de notre collectif de direction artistique, de promouvoir et faire connaître des démarches qui nous rejoignent. Le choix des textes s’est fait autour d’œuvres qui témoignent de notre travail des dernières années, venant d’artistes et de producteur·trices autochtones et allochtones. Se raconter exige parfois de revisiter une partie ignorée de notre histoire collective, mais c’est un chemin qu’il faut prendre pour faire en sorte de s’en souvenir, mais surtout de ne pas refaire les mêmes erreurs. Les thèmes se veulent simples et universels comme la famille, la guérison, l’identité, les langues. Des discussions sur la dramaturgie autochtone féminine et sur la danse contemporaine et culturelle sont aussi au programme. Le tout pour démontrer l’effervescence et le désir grandissant des artistes autochtones de partager ce qu’ils sont.
Marco, vous avez écrit et mis en scène la pièce Mashinikan. Cette démarche s’ajoute à vos talents de comédien. Qu’est-ce qui vous a amené à poursuivre en ce sens ?
Après plusieurs années de travail dans le domaine communautaire et radiophonique, j’ai eu le désir de commencer à raconter des histoires qui me ressemblent et qui nous ressemblent. Car du chemin a été fait depuis. Je me suis toujours questionné sur la place des Autochtones dans la société. J’avais le sentiment de ne pas être représenté. Les thèmes qui me nourrissent, qui m’allument sont assez universels, comme la famille, l’identité. Mashinikan vient de ma réflexion de ce qui est dit et non dit dans une famille. Combien de temps peut-on garder un passé inventé ? J’ai voulu aussi inverser les identités pour me questionner réellement sur la relation avec l’autre. Comme j’aime le dire, pourquoi tu ne te mettrais pas dans mes mocassins et moi, dans tes bottines ? Cette tentative est intéressante, car elle amène les interprètes à se questionner réellement en jouant sur scène, étant donné qu’ils sont dans l’identité de l’autre, qui n’est pas la sienne d’ordinaire.
Est-ce que vous croyez que le théâtre autochtone et ses artisans ont enfin obtenu la place qui leur revient ?
Je trouve que, depuis quelques années, il y a une ouverture, un intérêt de la part des Québécois, un désir d’en savoir davantage sur les Autochtones. Le fait aussi que les artistes autochtones sont assoiffés de partager leur culture, d’où ils viennent et qui ils sont… Il y a de plus en plus de collaborations entre artistes autochtones et allochtones, c’est ce que nous prônons dans les Productions Menuentakuan. Ceci vient aussi du fait que le possible est devenu une réalité chez les jeunes qui, malheureusement, ne se reconnaissaient pas beaucoup sur scène. Dans un passé pas si lointain, il ne pouvaient se voir qu’à travers des stéréotypes. De plus, on peut parler des diversités qui sont plus présentes sur les différentes plateformes. Cela apporte une fierté qui entraîne le désir, la volonté de se projeter. Je crois que la communication est ce qui rassemble les gens, qu’on soit ou non d’accord. Et les arts sont justement un endroit où l’on peut garder la créativité vivante.
Les Autochtoneries se déroulent au Théâtre aux Écuries du 11 au 21 avril 2024.
La compagnie Menuentakuan (Charles Bender, Marco Collin et Xavier Huard) est installée désormais aux Écuries. L’équipe a eu l’idée de présenter un festival, les Autochtoneries, pour célébrer leur arrivée dans leurs nouveaux locaux et faire valoir les écritures autochtones contemporaines.
Dans le programme du festival, on lit les mots pièces, lectures, discussions, banquet,… Cela a dû vous prendre un temps fou en préparation. Comment y êtes-vous arrivés ?
Les Autochtoneries aux Écuries c’est notre arrivée officielle sur les planches du Théâtre du même nom, « notre prise de possession du territoire Écuriens » ! En résumé, notre désir est de rassembler les œuvres qui nous ont fait vibrer et qui portent en elles la mission de notre compagnie Menuentakuan, c’est-à-dire de rallier par nos processus de création, Allochtones et Autochtones. Notre prétention reste simple : l’agora théâtrale est un outil qui nous permet de repousser le point de fuite de nos idéaux et de labourer la terre d’un imaginaire commun en construction. Ce serait absurde de s’en priver, non ? Trouverons-nous des axes de préhension sur des enjeux sociaux à grande échelle ? Est-ce que les artistes dénicheront des façons insoupçonnées de s’inscrire dans nos mémoires ? Est-ce que l’alchimie des langues et des nations fissurera la dimension qui nous concerne ? Les réponses à ces questions nous échappent encore, alors comme c’est difficile de le prédire, nous nous préparons à toute éventualité.
Est-ce que c’est un projet pilote dans le but d’en faire un événement annuel ?
C’est une très bonne question. Ce n’est pas un pilote, ni un évènement annuel, en fait c’est l’inverse. Les spectacles qui y seront présentés ont récolté du succès au cours des dernières années, lors de tournées à Montréal, mais surtout à l’extérieur de la ville. Par exemple, la pièce Mashinikan, une coproduction du Théâtre La Rubrique et de Menuentakuan, créée à Jonquière d’après le livre de Marco Collin, figure de proue du festival, sera présentée pour la première fois dans la métropole du 11 au 19 avril. On sait que le public de Montréal a été notre tremplin, et que sans lui, nous n’aurions pas eu ce succès en tournée au Québec et au Canada, alors pour nous c’est un retour du balancier. Voilà pourquoi on tient vraiment à faire ça en grand et qu’on a ajouté un maximum d’activités en parallèle aux pièces présentées pendant le festival, sans oublier trois troupes étudiantes qui seront présentes pour des stages de création.
Parlez-nous des textes et des pièces à l’affiche ?
Les Autochtoneries sont nées du désir de notre collectif de direction artistique, de promouvoir et faire connaître des démarches qui nous rejoignent. Le choix des textes s’est fait autour d’œuvres qui témoignent de notre travail des dernières années, venant d’artistes et de producteur·trices autochtones et allochtones. Se raconter exige parfois de revisiter une partie ignorée de notre histoire collective, mais c’est un chemin qu’il faut prendre pour faire en sorte de s’en souvenir, mais surtout de ne pas refaire les mêmes erreurs. Les thèmes se veulent simples et universels comme la famille, la guérison, l’identité, les langues. Des discussions sur la dramaturgie autochtone féminine et sur la danse contemporaine et culturelle sont aussi au programme. Le tout pour démontrer l’effervescence et le désir grandissant des artistes autochtones de partager ce qu’ils sont.
Marco, vous avez écrit et mis en scène la pièce Mashinikan. Cette démarche s’ajoute à vos talents de comédien. Qu’est-ce qui vous a amené à poursuivre en ce sens ?
Après plusieurs années de travail dans le domaine communautaire et radiophonique, j’ai eu le désir de commencer à raconter des histoires qui me ressemblent et qui nous ressemblent. Car du chemin a été fait depuis. Je me suis toujours questionné sur la place des Autochtones dans la société. J’avais le sentiment de ne pas être représenté. Les thèmes qui me nourrissent, qui m’allument sont assez universels, comme la famille, l’identité. Mashinikan vient de ma réflexion de ce qui est dit et non dit dans une famille. Combien de temps peut-on garder un passé inventé ? J’ai voulu aussi inverser les identités pour me questionner réellement sur la relation avec l’autre. Comme j’aime le dire, pourquoi tu ne te mettrais pas dans mes mocassins et moi, dans tes bottines ? Cette tentative est intéressante, car elle amène les interprètes à se questionner réellement en jouant sur scène, étant donné qu’ils sont dans l’identité de l’autre, qui n’est pas la sienne d’ordinaire.
Est-ce que vous croyez que le théâtre autochtone et ses artisans ont enfin obtenu la place qui leur revient ?
Je trouve que, depuis quelques années, il y a une ouverture, un intérêt de la part des Québécois, un désir d’en savoir davantage sur les Autochtones. Le fait aussi que les artistes autochtones sont assoiffés de partager leur culture, d’où ils viennent et qui ils sont… Il y a de plus en plus de collaborations entre artistes autochtones et allochtones, c’est ce que nous prônons dans les Productions Menuentakuan. Ceci vient aussi du fait que le possible est devenu une réalité chez les jeunes qui, malheureusement, ne se reconnaissaient pas beaucoup sur scène. Dans un passé pas si lointain, il ne pouvaient se voir qu’à travers des stéréotypes. De plus, on peut parler des diversités qui sont plus présentes sur les différentes plateformes. Cela apporte une fierté qui entraîne le désir, la volonté de se projeter. Je crois que la communication est ce qui rassemble les gens, qu’on soit ou non d’accord. Et les arts sont justement un endroit où l’on peut garder la créativité vivante.
Les Autochtoneries se déroulent au Théâtre aux Écuries du 11 au 21 avril 2024.