Dès l’entrée dans la salle, le regard est saisi par les images de voitures circulant rue St-Joseph, filmées en direct et projetées sur le décor. Sur scène, murs de béton, mobilier de salon, système de son, écran de surveillance: un ensemble froid, moderne, espace intime où viennent, de loin, résonner les échos du dehors. L’entrée des personnages, par leurs costumes, achève d’ancrer l’action de Britannicus, mis en scène par Jean-Philippe Joubert, dans le monde actuel.
Néron, empereur, placé sur le trône à coups d’intrigues au détriment de son demi-frère Britannicus, veut également lui ravir l’amour de Junie. La pièce présente un Néron tenaillé par son obsession amoureuse, les impératifs du pouvoir et de la justice, et ballotté au gré des conseils et prières de son entourage.
L’alexandrin bien en bouche, malgré quelques accrocs le soir de la Première, les comédiens animent le lieu des vers harmonieux, des images fulgurantes de Racine. Le ton est juste; plusieurs comédiens impressionnent par leur aplomb, la finesse et les nuances de leur interprétation. Parmi eux, les conseillers de l’empereur: Jean-Sébastien Ouellette (Burrhus), alliant sensibilité et envergure, et Jacques Leblanc (Narcisse), visqueux de perfidie. Érika Gagnon campe une excellente Agrippine, entre détermination et affliction. En Néron, Olivier Normand compose avec grand talent un empereur troublé, imprévisible et influençable, juste au moment où il franchira la ligne le séparant encore de la tyrannie.
Si on est éblouis par le texte et sa musicalité, captivés par l’interprétation et atterrés devant les enjeux et l’instabilité de Néron, le choix de camper la pièce dans le monde contemporain, cependant, laisse songeur. Certains éléments modernes éclairent, certes, la pièce ou la vie intime des personnages. L’écran de surveillance, les projections ou la musique révèlent ou soulignent avec justesse, par exemple, le climat de suspicion régnant dès l’ouverture de la pièce, le désir de contrôle de l’empereur, les sentiments, obsessions ou rêves de grandeur du personnage. L’esthétique générale, cependant, distrait par moments. La gravité des situations, la puissance du royaume dont il est question, l’aura mythique des personnages s’accommodent mal, semble-t-il, d’un décor quotidien. Un salon moderne apparaît par trop étroit pour que puissent y entrer la tragédie, immense, et ses enjeux démesurés: manipulation, meurtre, infamie, révolte. Il semble ici manquer un élément, un ajustement pour que l’ensemble, par ailleurs bien réussi, soit parfaitement convaincant.
Dès l’entrée dans la salle, le regard est saisi par les images de voitures circulant rue St-Joseph, filmées en direct et projetées sur le décor. Sur scène, murs de béton, mobilier de salon, système de son, écran de surveillance: un ensemble froid, moderne, espace intime où viennent, de loin, résonner les échos du dehors. L’entrée des personnages, par leurs costumes, achève d’ancrer l’action de Britannicus, mis en scène par Jean-Philippe Joubert, dans le monde actuel.
Néron, empereur, placé sur le trône à coups d’intrigues au détriment de son demi-frère Britannicus, veut également lui ravir l’amour de Junie. La pièce présente un Néron tenaillé par son obsession amoureuse, les impératifs du pouvoir et de la justice, et ballotté au gré des conseils et prières de son entourage.
L’alexandrin bien en bouche, malgré quelques accrocs le soir de la Première, les comédiens animent le lieu des vers harmonieux, des images fulgurantes de Racine. Le ton est juste; plusieurs comédiens impressionnent par leur aplomb, la finesse et les nuances de leur interprétation. Parmi eux, les conseillers de l’empereur: Jean-Sébastien Ouellette (Burrhus), alliant sensibilité et envergure, et Jacques Leblanc (Narcisse), visqueux de perfidie. Érika Gagnon campe une excellente Agrippine, entre détermination et affliction. En Néron, Olivier Normand compose avec grand talent un empereur troublé, imprévisible et influençable, juste au moment où il franchira la ligne le séparant encore de la tyrannie.
Si on est éblouis par le texte et sa musicalité, captivés par l’interprétation et atterrés devant les enjeux et l’instabilité de Néron, le choix de camper la pièce dans le monde contemporain, cependant, laisse songeur. Certains éléments modernes éclairent, certes, la pièce ou la vie intime des personnages. L’écran de surveillance, les projections ou la musique révèlent ou soulignent avec justesse, par exemple, le climat de suspicion régnant dès l’ouverture de la pièce, le désir de contrôle de l’empereur, les sentiments, obsessions ou rêves de grandeur du personnage. L’esthétique générale, cependant, distrait par moments. La gravité des situations, la puissance du royaume dont il est question, l’aura mythique des personnages s’accommodent mal, semble-t-il, d’un décor quotidien. Un salon moderne apparaît par trop étroit pour que puissent y entrer la tragédie, immense, et ses enjeux démesurés: manipulation, meurtre, infamie, révolte. Il semble ici manquer un élément, un ajustement pour que l’ensemble, par ailleurs bien réussi, soit parfaitement convaincant.
Britannicus
De Jean Racine
Mise en scène par Jean-Philippe Joubert
Au Théâtre de la Bordée (Québec) jusqu’au 16 février 2013