Quelle idée rocambolesque que de consacrer un spectacle de marionnettes au personnage de M. Patate, le sympathique jouet remis au goût du jour par les films de la franchise Toy Story! On se dit que, non, quand même, cela ne saurait se transformer en projet artistique cohérent, mais c’est sans compter l’inventivité du band de théâtre Belzébrute, récent Coup de cœur du jury français du Festival mondial des théâtres de marionnettes de Charleville-Mézières (Off).
En effet, ici, théâtre d’objets, cinéma muet, bande dessinée et musique se rencontrent, mariage des plus heureux qui restituera en quelques instants à ceux présents un cœur d’enfant.
Le ton est donné dès qu’Amélie Poirier-Aubry, pin-up des Années folles toute de blanc vêtue, se promène dans la salle du Gesù pour ramasser quelques pièces qui serviront à alimenter le castelet. Avec une timidité étudiée, elle attend qu’un membre du public l’aide à monter sur scène, puis se glisse derrière son clavier pour improviser au fur et à mesure, en temps réel, une trame sonore qui évoluera en deuxième fil narratif (avec multiples clins d’œil à l’appui) de l’ascension stellaire de M. Patate, manipulé par Jocelyn Sioui et Éric Desjardins, l’un portant la tête de M. Patate, leurs quatre mains se divisant mains et pieds blancs.
D’abord chanteur minable de cabaret, M. Patate se produira dans des clubs de plus en plus prestigieux, grâce à un agent que l’on imagine véreux, à New York, puis à Las Vegas et à Hollywood. Il devient alors vedette de films de série B, remakes délirants de Psycho (la jeune femme dans la douche se faisant attaquer à coup de pile-patates!) et The Shining en même temps, de Rambo et de Dumbo, dont les «bandes-annonces» sont projetées sur l’écran sis au-dessus du clavier de la multiinstrumentiste, qui manie avec une même grâce contrebassine, flûte à coulisse, harmonica ou accordéon.
Un tel sommet ne peut être suivi que d’une chute vertigineuse. Comment aller plus loin quand on a fait la couverture des grands magazines et marché sur la lune? Alcoolisme, dépendance aux drogues et détresse psychologique seront au rendez-vous, heureusement allégés par le retour du chien Pogo.
Doté d’un arc narratif implacable qui se déploie en trois actes, même s’il suscite souvent les rires, Mr. P se veut une réflexion sur les débordements de la société du spectacle dans laquelle nous vivons, avec ses multiples dérivés de Star Académie et La Voix. Chemin faisant, cela nous permet d’être témoins de numéros de haute voltige, dont ce pot-pourri d’airs populaires, pendant lequel M. Patate se coiffe de diverses perruques et paires d’yeux et devient tour à tour Elvis (déjà qu’il arbore de magnifiques Blue Suede Shoes), Psy, René Simard, John Lennon, Sinéad O’Connor, Robert Charlebois, Phil Collins, Georges Brassens, Gilles Vigneault et Michael Jackson. Du bonbon!
Mr P. Texte et mise en scène de Belzébrute. Une production de Belzébrute. Au Gesù jusqu’au 31 janvier 2014.
Quelle idée rocambolesque que de consacrer un spectacle de marionnettes au personnage de M. Patate, le sympathique jouet remis au goût du jour par les films de la franchise Toy Story! On se dit que, non, quand même, cela ne saurait se transformer en projet artistique cohérent, mais c’est sans compter l’inventivité du band de théâtre Belzébrute, récent Coup de cœur du jury français du Festival mondial des théâtres de marionnettes de Charleville-Mézières (Off).
En effet, ici, théâtre d’objets, cinéma muet, bande dessinée et musique se rencontrent, mariage des plus heureux qui restituera en quelques instants à ceux présents un cœur d’enfant.
Le ton est donné dès qu’Amélie Poirier-Aubry, pin-up des Années folles toute de blanc vêtue, se promène dans la salle du Gesù pour ramasser quelques pièces qui serviront à alimenter le castelet. Avec une timidité étudiée, elle attend qu’un membre du public l’aide à monter sur scène, puis se glisse derrière son clavier pour improviser au fur et à mesure, en temps réel, une trame sonore qui évoluera en deuxième fil narratif (avec multiples clins d’œil à l’appui) de l’ascension stellaire de M. Patate, manipulé par Jocelyn Sioui et Éric Desjardins, l’un portant la tête de M. Patate, leurs quatre mains se divisant mains et pieds blancs.
D’abord chanteur minable de cabaret, M. Patate se produira dans des clubs de plus en plus prestigieux, grâce à un agent que l’on imagine véreux, à New York, puis à Las Vegas et à Hollywood. Il devient alors vedette de films de série B, remakes délirants de Psycho (la jeune femme dans la douche se faisant attaquer à coup de pile-patates!) et The Shining en même temps, de Rambo et de Dumbo, dont les «bandes-annonces» sont projetées sur l’écran sis au-dessus du clavier de la multiinstrumentiste, qui manie avec une même grâce contrebassine, flûte à coulisse, harmonica ou accordéon.
Un tel sommet ne peut être suivi que d’une chute vertigineuse. Comment aller plus loin quand on a fait la couverture des grands magazines et marché sur la lune? Alcoolisme, dépendance aux drogues et détresse psychologique seront au rendez-vous, heureusement allégés par le retour du chien Pogo.
Doté d’un arc narratif implacable qui se déploie en trois actes, même s’il suscite souvent les rires, Mr. P se veut une réflexion sur les débordements de la société du spectacle dans laquelle nous vivons, avec ses multiples dérivés de Star Académie et La Voix. Chemin faisant, cela nous permet d’être témoins de numéros de haute voltige, dont ce pot-pourri d’airs populaires, pendant lequel M. Patate se coiffe de diverses perruques et paires d’yeux et devient tour à tour Elvis (déjà qu’il arbore de magnifiques Blue Suede Shoes), Psy, René Simard, John Lennon, Sinéad O’Connor, Robert Charlebois, Phil Collins, Georges Brassens, Gilles Vigneault et Michael Jackson. Du bonbon!
Mr P. Texte et mise en scène de Belzébrute. Une production de Belzébrute. Au Gesù jusqu’au 31 janvier 2014.