Cofondateur avec Francis Monty du Théâtre de la Pire Espèce, qui fête cette saison ses 15 ans de création, Olivier Ducas et son acolyte présentent chacun un solo, aux Écuries et en alternance. Olivier Ducas travaille sur Villes depuis plus de quatre ans, avec la scénographe Julie Vallée-Léger. Inspiré du roman d’Italo Calvino, Les villes invisibles, et des nombreuses villes qu’il a visité lors des tournées de la compagnie, Olivier Ducas propose un catalogue de villes imaginaires, une collection particulière qui, explique-t-il en début de spectacle, n’a de raison d’être que tant qu’il manque un élément.
Entouré d’un établi de bricoleur recelant objets, jouets, bidules, bébelles et outils, sur lequel est fixée une caméra vidéo au bout d’un bras télescopique, Olivier Ducas, tel un savant fou dans son laboratoire, fait naitre sous nos yeux éberlués des villes comme autant de personnages – d’ailleurs, elles portent des noms de filles – en filmant en direct et en gros plan des objets du quotidien, qu’il vient d’agencer dans le petit carré de sable devant lui. Les images projetées sur l’écran qui occupe le centre de la scène fabriquent des scènes oniriques, presque magiques, de villes de sable ou de verre…
On a donc la chance de voir en direct les ingénieux bricolages et de constater qu’ici tout est réalisé sans trucage mais avec beaucoup d’imagination. Comment des Playmobils, des maisons de Monopoly, des bouts de bois reflétés dans un miroir, une boule à facettes, un circuit imprimé ou un simple morceau de tissu, sous l’œil grossissant et déformant de la caméra, deviennent des paysages urbains, futuristes, poétiques. Dans ce théâtre d’images et d’astuces, l’objet est non seulement détourné mais mieux que cela, il est magnifié, symbolisé, sublimé.
De la ville fantôme à la ville voisine, on se laisse entraîner en un voyage immobile où le plus petit raconte le plus grand, ponctué de moments de grande intelligence, comme lorsque Ducas explique l’esclavage avec une poignée de grains de café ou, plus drôle, quand il démontre l’évident héritage des hiéroglyphes dans les codes de signalisation routière et les pictogrammes. Tel un archéologue, il reconstruit des villes oubliées, découvre des vestiges de civilisations disparues, disserte sur l’éphémère de celles qui vont disparaître… S’il semble s’amuser comme un enfant devant un château de sable, pour que son plaisir soit réellement contagieux, l’argument du spectacle mériterait d’être précisé. D’une ville à l’autre, la balade promise devient errance, vagabondage plus ou moins bien assumé et le spectacle s’essouffle, malgré la beauté plastique des mondes visités.
La complexité des manipulations à effectuer – des objets et de la caméra – et la création toute récente expliquent certainement le manque de fluidité dans les enchaînements et la présence de nombreux temps morts. De plus, l’énumération sur le ton de la conférence tend à lasser un peu. Le jeu de l’acteur gagnerait à être plus précis, et peut-être plus débridé. Quelques erreurs de jeunesse qui devraient se corriger au fil des représentations.
Texte et mise en scène: Olivier Ducas. Scénographie et écriture scénique: Julie Vallée-Léger. Une production du Théâtre de la Pire Espèce. Aux Écuries jusqu’au 26 avril 2014. En tournée dans quelques maisons de la culture montréalaises du 4 au 26 avril 2018.
Cofondateur avec Francis Monty du Théâtre de la Pire Espèce, qui fête cette saison ses 15 ans de création, Olivier Ducas et son acolyte présentent chacun un solo, aux Écuries et en alternance. Olivier Ducas travaille sur Villes depuis plus de quatre ans, avec la scénographe Julie Vallée-Léger. Inspiré du roman d’Italo Calvino, Les villes invisibles, et des nombreuses villes qu’il a visité lors des tournées de la compagnie, Olivier Ducas propose un catalogue de villes imaginaires, une collection particulière qui, explique-t-il en début de spectacle, n’a de raison d’être que tant qu’il manque un élément.
Entouré d’un établi de bricoleur recelant objets, jouets, bidules, bébelles et outils, sur lequel est fixée une caméra vidéo au bout d’un bras télescopique, Olivier Ducas, tel un savant fou dans son laboratoire, fait naitre sous nos yeux éberlués des villes comme autant de personnages – d’ailleurs, elles portent des noms de filles – en filmant en direct et en gros plan des objets du quotidien, qu’il vient d’agencer dans le petit carré de sable devant lui. Les images projetées sur l’écran qui occupe le centre de la scène fabriquent des scènes oniriques, presque magiques, de villes de sable ou de verre…
On a donc la chance de voir en direct les ingénieux bricolages et de constater qu’ici tout est réalisé sans trucage mais avec beaucoup d’imagination. Comment des Playmobils, des maisons de Monopoly, des bouts de bois reflétés dans un miroir, une boule à facettes, un circuit imprimé ou un simple morceau de tissu, sous l’œil grossissant et déformant de la caméra, deviennent des paysages urbains, futuristes, poétiques. Dans ce théâtre d’images et d’astuces, l’objet est non seulement détourné mais mieux que cela, il est magnifié, symbolisé, sublimé.
De la ville fantôme à la ville voisine, on se laisse entraîner en un voyage immobile où le plus petit raconte le plus grand, ponctué de moments de grande intelligence, comme lorsque Ducas explique l’esclavage avec une poignée de grains de café ou, plus drôle, quand il démontre l’évident héritage des hiéroglyphes dans les codes de signalisation routière et les pictogrammes. Tel un archéologue, il reconstruit des villes oubliées, découvre des vestiges de civilisations disparues, disserte sur l’éphémère de celles qui vont disparaître… S’il semble s’amuser comme un enfant devant un château de sable, pour que son plaisir soit réellement contagieux, l’argument du spectacle mériterait d’être précisé. D’une ville à l’autre, la balade promise devient errance, vagabondage plus ou moins bien assumé et le spectacle s’essouffle, malgré la beauté plastique des mondes visités.
La complexité des manipulations à effectuer – des objets et de la caméra – et la création toute récente expliquent certainement le manque de fluidité dans les enchaînements et la présence de nombreux temps morts. De plus, l’énumération sur le ton de la conférence tend à lasser un peu. Le jeu de l’acteur gagnerait à être plus précis, et peut-être plus débridé. Quelques erreurs de jeunesse qui devraient se corriger au fil des représentations.
Villes
Texte et mise en scène: Olivier Ducas. Scénographie et écriture scénique: Julie Vallée-Léger. Une production du Théâtre de la Pire Espèce. Aux Écuries jusqu’au 26 avril 2014. En tournée dans quelques maisons de la culture montréalaises du 4 au 26 avril 2018.