Quel plaisir de sortir des univers préformatés, de s’approprier autrement le théâtre! Même avant que la pièce ne commence, on comprend qu’on se jouera du spectateur autant que l’on jouera avec et pour lui.
Les membres du Groupe de poésie moderne se sont perdus et peinent à retrouver leur chemin. Mais où exactement ont-ils fait fausse route, bifurqué quand il ne fallait pas? Pourront-ils retracer leurs pas, identifier ce moment fatidique où tout s’est bousculé, comme dans un immense jeu de dominos?
Intéressant de voir de nouveau traité le thème des prises de décision qui change le cours d’une vie – ou au moins d’une production. Alors que Constellations de Nick Payne adoptait un angle presque scientifique, s’attardant sur les multivers et leurs effets sur sentiment amoureux, Splendeur du mobilier russe de Bernard Dion et Benoît Paiement se veut au contraire une réflexion sur la parole, le théâtre, la transmission.
Foisonnant, fortement autoréférentiel, intégrant avec autant de naturel Dostoïevski, Tolstoï que Gilles Vigneault (Jack Monoloy) et Beau Dommage (Châteauguay), le texte favorise les niveaux de lecture, comme la scénographie astucieuse de Cassandre Chatonnier qui fait se multiplier l’ouverture de rideaux de théâtre, tous complémentaires. Il joue aussi bien sur l’absurde des situations que les sonorités mêmes des mots, une véritable poésie – le plus souvent décalée – se détachant du propos.
Le tout est transmis avec une gestuelle parfaitement calibrée et une rare virtuosité par Christophe Rapin, Sophie Faucher (que l’on n’attendait pas dans ce registre, mais qui en met plein la vue), Pascal Contamine, Larissa Corriveau (exceptionnelle, qui devient de plus accordéoniste) et Élisabeth Chouvalidzé, en prélude et postlude (un bonheur de la retrouver sur les planches).
Impossible de décrocher un seul instant, de souhaiter s’extraire de cette partition touffue, débridée, rodée au quart de tour, interprétée avec un indéniable brio.
Texte de Bernard Dion et Benoît Paiement. Mise en scène de Robert Reid. Une production du Groupe de poésie moderne. À Espace Libre jusqu’au 21 février 2015.
Quel plaisir de sortir des univers préformatés, de s’approprier autrement le théâtre! Même avant que la pièce ne commence, on comprend qu’on se jouera du spectateur autant que l’on jouera avec et pour lui.
Les membres du Groupe de poésie moderne se sont perdus et peinent à retrouver leur chemin. Mais où exactement ont-ils fait fausse route, bifurqué quand il ne fallait pas? Pourront-ils retracer leurs pas, identifier ce moment fatidique où tout s’est bousculé, comme dans un immense jeu de dominos?
Intéressant de voir de nouveau traité le thème des prises de décision qui change le cours d’une vie – ou au moins d’une production. Alors que Constellations de Nick Payne adoptait un angle presque scientifique, s’attardant sur les multivers et leurs effets sur sentiment amoureux, Splendeur du mobilier russe de Bernard Dion et Benoît Paiement se veut au contraire une réflexion sur la parole, le théâtre, la transmission.
Foisonnant, fortement autoréférentiel, intégrant avec autant de naturel Dostoïevski, Tolstoï que Gilles Vigneault (Jack Monoloy) et Beau Dommage (Châteauguay), le texte favorise les niveaux de lecture, comme la scénographie astucieuse de Cassandre Chatonnier qui fait se multiplier l’ouverture de rideaux de théâtre, tous complémentaires. Il joue aussi bien sur l’absurde des situations que les sonorités mêmes des mots, une véritable poésie – le plus souvent décalée – se détachant du propos.
Le tout est transmis avec une gestuelle parfaitement calibrée et une rare virtuosité par Christophe Rapin, Sophie Faucher (que l’on n’attendait pas dans ce registre, mais qui en met plein la vue), Pascal Contamine, Larissa Corriveau (exceptionnelle, qui devient de plus accordéoniste) et Élisabeth Chouvalidzé, en prélude et postlude (un bonheur de la retrouver sur les planches).
Impossible de décrocher un seul instant, de souhaiter s’extraire de cette partition touffue, débridée, rodée au quart de tour, interprétée avec un indéniable brio.
Splendeur du mobilier russe
Texte de Bernard Dion et Benoît Paiement. Mise en scène de Robert Reid. Une production du Groupe de poésie moderne. À Espace Libre jusqu’au 21 février 2015.