Comme un avant-goût de ce que les nouveaux codirecteurs artistiques nous offriront la saison prochaine, Duceppe présente en ce moment, en coproduction avec le Trident et LAB87, une pièce de l’Australien Andrew Bovell traduite et mise en scène par Frédéric Blanchette: Quand la pluie s’arrêtera. Le spectacle, sans aller à l’encontre du mandat de la maison, emprunte des avenues dramaturgiques et esthétiques peu fréquentées. Vous avez dit réjouissant?
Créé en Australie en 2008, puis à New York en 2010, le texte de Bovell est ce qu’il est convenu d’appeler un mélodrame, mais dans le meilleur sens du terme, le plus poignant, le plus tragique. Parce que c’est sans contredit la fatalité qui s’abat sur les familles Law et York. De 1959 à 2039, de l’Angleterre à l’Australie, une pluie de malheurs tombent sans interruption sur le clan, une profusion de morts et d’abominations. À la fois contemporain et intemporel, urbain et campagnard, âpre et raffiné, sombre jusqu’à l’éclaircie tant espérée, le drame familial ne détonnerait pas le moins du monde sur la scène de la Licorne.
Plus que le récit lui-même, un puissant tire-larmes sur les liens transgénérationnels que ne renierait certainement pas Wajdi Mouawad, c’est la construction de l’œuvre qui éblouit, la manière mystérieuse et implacable dont les morceaux du puzzle se déposent peu à peu. C’est que la pièce déploie tout un arsenal de leitmotivs, mots et mouvements, formules et gestes, glissements et télescopages spatiotemporels qui sont autant d’indices, autant d’étapes vers la terrible révélation, l’éclatement de la vérité, aussi nécessaire que douloureuse. Alors que la première heure, consacrée à la mise en place des éléments, s’avère un brin fastidieuse, la seconde, bouleversante, ne donne tout simplement pas de répit.
Dans la scénographie de Marie-Renée Bourget Harvey, admirablement minimale, surtout sur le grand plateau de Duceppe, mais également très évocatrice, rattachant astucieusement la terre et le ciel, les vivants et les morts, Frédéric Blanchette orchestre avec grand soin le chassé-croisé des époques et des destins. Les neuf comédiens — dont six foulent les planches de la compagnie pour la première fois! — sont tous convaincants, mais c’est sans contredit Véronique Côté qui émeut le plus. Son interprétation d’Elizabeth jeune, une femme qui voit soudain son avenir lui filer entre les doigts, une mère trahie, soumise à l’impensable, à l’insoutenable, est d’une justesse tragique absolue.
Texte: Andrew Bovell. Mise en scène et traduction: Frédéric Blanchette. Scénographie: Marie-Renée Bourget Harvey. Costumes: Elen Ewing. Éclairages: André Rioux. Musique: Pascal Robitaille. Accessoires: Normand Blais. Avec Véronique Côté, Normand D’Amour, David Laurin, Christian Michaud, Alice Pascual, Marco Poulin, Maxime Robin, Paule Savard et Linda Sorgini. Une coproduction de Duceppe, du Trident et de LAB87. Au Théâtre Jean-Duceppe jusqu’au 14 octobre 2017 et au Grand Théâtre de Québec du 16 janvier au 10 février 2018.
Comme un avant-goût de ce que les nouveaux codirecteurs artistiques nous offriront la saison prochaine, Duceppe présente en ce moment, en coproduction avec le Trident et LAB87, une pièce de l’Australien Andrew Bovell traduite et mise en scène par Frédéric Blanchette: Quand la pluie s’arrêtera. Le spectacle, sans aller à l’encontre du mandat de la maison, emprunte des avenues dramaturgiques et esthétiques peu fréquentées. Vous avez dit réjouissant?
Créé en Australie en 2008, puis à New York en 2010, le texte de Bovell est ce qu’il est convenu d’appeler un mélodrame, mais dans le meilleur sens du terme, le plus poignant, le plus tragique. Parce que c’est sans contredit la fatalité qui s’abat sur les familles Law et York. De 1959 à 2039, de l’Angleterre à l’Australie, une pluie de malheurs tombent sans interruption sur le clan, une profusion de morts et d’abominations. À la fois contemporain et intemporel, urbain et campagnard, âpre et raffiné, sombre jusqu’à l’éclaircie tant espérée, le drame familial ne détonnerait pas le moins du monde sur la scène de la Licorne.
Plus que le récit lui-même, un puissant tire-larmes sur les liens transgénérationnels que ne renierait certainement pas Wajdi Mouawad, c’est la construction de l’œuvre qui éblouit, la manière mystérieuse et implacable dont les morceaux du puzzle se déposent peu à peu. C’est que la pièce déploie tout un arsenal de leitmotivs, mots et mouvements, formules et gestes, glissements et télescopages spatiotemporels qui sont autant d’indices, autant d’étapes vers la terrible révélation, l’éclatement de la vérité, aussi nécessaire que douloureuse. Alors que la première heure, consacrée à la mise en place des éléments, s’avère un brin fastidieuse, la seconde, bouleversante, ne donne tout simplement pas de répit.
Dans la scénographie de Marie-Renée Bourget Harvey, admirablement minimale, surtout sur le grand plateau de Duceppe, mais également très évocatrice, rattachant astucieusement la terre et le ciel, les vivants et les morts, Frédéric Blanchette orchestre avec grand soin le chassé-croisé des époques et des destins. Les neuf comédiens — dont six foulent les planches de la compagnie pour la première fois! — sont tous convaincants, mais c’est sans contredit Véronique Côté qui émeut le plus. Son interprétation d’Elizabeth jeune, une femme qui voit soudain son avenir lui filer entre les doigts, une mère trahie, soumise à l’impensable, à l’insoutenable, est d’une justesse tragique absolue.
Quand la pluie s’arrêtera
Texte: Andrew Bovell. Mise en scène et traduction: Frédéric Blanchette. Scénographie: Marie-Renée Bourget Harvey. Costumes: Elen Ewing. Éclairages: André Rioux. Musique: Pascal Robitaille. Accessoires: Normand Blais. Avec Véronique Côté, Normand D’Amour, David Laurin, Christian Michaud, Alice Pascual, Marco Poulin, Maxime Robin, Paule Savard et Linda Sorgini. Une coproduction de Duceppe, du Trident et de LAB87. Au Théâtre Jean-Duceppe jusqu’au 14 octobre 2017 et au Grand Théâtre de Québec du 16 janvier au 10 février 2018.