Le Théâtre Aux Écuries propose, jusqu’au 24 septembre, la première édition du festival de lutte-théâtre Royalmania. Même si la lutte est très à la mode présentement – si bien que le théâtre Le Diamant l’inclut à sa programmation –, les instigateurs et instigatrices de Royalmania se sont donné un défi de taille : celui d’initier les amoureux et amoureuses du théâtre au monde de la lutte et les amoureux et amoureuses de la lutte au monde du théâtre. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on en ressort décoiffé·es !
Agamemnon In The Ring : Un dernier round flamboyant
Dès les premières minutes du spectacle, on est pris·e d’assaut par les effets de lumière et sonores ainsi que par la musique à plein volume. Ring de lutte, machines à fumée et musique rap forte énergisent la foule : la mise en scène de Sofia Blondin et Hilaire Saint-Laurent transporte illico le public dans un stade qui sent les hot-dogs et le pop-corn.
Dans une ambiance légère, digne d’une soirée entre ami·es, nous retrouvons Agamemnon, roi déchu de Mycènes, âgé et fatigué, qui prend sa retraite du ring et accède enfin au temple de la renommée de la lutte. Pour souligner son parcours pour le moins éclatant, son frère Ménélas décide de lui offrir en cadeau la ceinture d’or gagnée en combat double avec lui lors de leurs belles années. Comble d’horreur, des lutteurs de Troie-Rivières viennent dérober la ceinture d’une valeur inestimable à la fratrie royale. Agamemnon est alors forcé de revêtir son « suit en spandex » pour un dernier round, même s’il doit le faire au prix de grandes trahisons.
Dans une comédie éclatée qui frôle l’opéra rock, et à travers un texte en alexandrins qui mêle les niveaux de langue, le public retrouve avec bonheur des références à la culture populaire québécoise (entre les envolées lyriques sur le sacrifice d’Eugénie (Iphigénie) et les prières à Zeus, on passe de la Nuit des longs couteaux au fameux « viande à chien ! » de Séraphin Poudrier) et bien sûr, des images bien ficelées liées aux sports de combat.
Les comédien·nes sont tous et toutes très investi·es, et leur présence est électrisante. Les chorégraphies et les chansons constituent des ajouts agréables et comiques à l’histoire, qui demeure tout de même la pièce maîtresse du spectacle, malgré une mise en scène où la surenchère fait parfois en sorte que le spectateur ou la spectatrice ne sait plus où donner de la tête.
Texte : Hilaire St-Laurent. Mise en scène : Sofia Blondin et Hilaire St-Laurent. Assistance à la mise en scène : Sandrine Lemieux. Direction de production : Myriam Poirier-Dumaine. Direction technique et décor : David Poisson. Costumes : Raphaël Trottier. Éclairages : Mélanie Whissel. Composition et conception sonore : Frédérick Tremblay. Combats : Marc Roussel. Avec Frédéric Lavallée, Frédéric Desager, Joanie Guérin, Rébecca Vachon, Anaïs Cadorette-Bonin, Frédérick Tremblay, Maude Demers-Rivard, Jérémie Loubot, Catherine St-Martin, Hilaire St-Laurent, Pierre-Alexis St-Georges, Marie-Andrée Lemieux, Pierre-Antoine Pellerin et Nicolas Centeno. Une production de la compagnie Unuknu présentée, à l’occasion du Festival Royalmania, au Théâtre Aux Écuries jusqu’au 24 septembre 2022.
Dick the Turd : Quand l’horreur se mêle au combat
Richard III de Shakespeare qui rencontre Sports 30 à RDS : c’est la première impression qui est donnée au public lors du spectacle Dick the Turd de la compagnie Les Impairs, en collaboration avec le Collectif Moutarde Forte. Dès l’entrée en salle, nous sommes transporté·es dans un stade moderne et un peu kitsch qui semble inspiré du stade Canac à Québec. Il fait chaud, la fumée monte peu à peu dans l’assistance et on entend un « Are you ready to rrrrrrrumble ? » bien senti. Si les spectateurs et spectatrices avaient espoir de retrouver l’Angleterre élisabéthaine, ils se détrompent vite. Nous sommes dans les bas-fonds de ce qui a tout l’air d’une banlieue délabrée dont l’économie tourne autour de la lutte. Plusieurs clins d’œil comiques au monde de la publicité et aux commanditaires d’événements sportifs sont d’ailleurs faits au cours du spectacle.
Un Dick the Turd pour le moins effrayant s’avance sur scène en agitant la langue de manière obscène sur sa bouche pleine de dents cariées et en fixant le public de ses yeux colorés de noir. Il entame une version en joual du célèbre monologue d’ouverture de cette pièce classique « De quoi vous pensez qu’j’ai peur moé ? Peur de moé ? J’ai pas peur de moé ! ». Dick the Turd est terrifiant dans tout ce qu’il est, que ce soit sur le plan physique ou psychologique ; il dégoûte et donne froid dans le dos.
Dick, lutteur mal-aimé, vicieux et sans pitié, veut reprendre sa place dans la Fédération Féodale de Lutte (FFL). Pour se faire, il doit se débarrasser de ses adversaires dont Eddy the King (Edouard IV) et Duke C (le duc de Clarence). Les deux commentateurs sportifs, habillés à la Alain Crête et Dany Dubé et s’adressant à l’auditoire comme tels, font office de chœur pour expliquer au public le bagage de chaque protagoniste. Outre l’anti-héros, qui s’illustre par sa cruauté, son intensité et sa difformité, et la reine Élizabeth qui offre un monologue à saveur féministe intéressant quoiqu’un peu déjà vu, aucun personnage ne brille vraiment dans ce récit pourtant connu pour ses revirements.
Il ne reste malheureusement pas grand-chose du drame épique shakespearien, sauf peut-être les quelques répliques dites en anglais par les comédien·nes, qui sont tirées de la pièce originale et qui tranchent par rapport à l’ensemble du texte, qui affiche un niveau de langue très familier. Le ressort dramatique de ce mélange pour le moins inusité laisse perplexe, d’autant plus qu’on sort de ce spectacle avec l’impression que la lutte y prenait une place plus importante que tout le reste, aux dépens, même, des personnages et de l’histoire.
Texte : Écriture collective sous la direction de Jean-Philippe Bourgeois. Mise en scène : Elisabeth Coulon-Lafleur. Assistance à la mise en scène : Jonathan Cusson. Décor : Guillaume Bouliane-Blais. Costumes : Raphaël Trottier. Accessoires : Varnen Pareanan. Éclairages : Catherine Le Gall-Marchand. Son : Cédric Flagothier. Conception musicale : Philomène Gatien, Maxime Lemire et Philippe Lemire. Réalisation et caméra : Chloé Lafortune, François Lalonde et Florence Legault. Avec Simon Allard, Félix Basque, Guillaume Bouliane-Blais, Matilde Lopes-Fadigas, Olivier Magnan-Bossé, Jérémie Poirier, Maxime Pouliot, Justine Prévost et Anthony Tingaud. Une production des Impairs, en collaboration avec le Collectif Moutarde Forte, présentée, à l’occasion du Festival Royalmania, au Théâtre Aux Écuries jusqu’au 24 septembre 2022.
Le Théâtre Aux Écuries propose, jusqu’au 24 septembre, la première édition du festival de lutte-théâtre Royalmania. Même si la lutte est très à la mode présentement – si bien que le théâtre Le Diamant l’inclut à sa programmation –, les instigateurs et instigatrices de Royalmania se sont donné un défi de taille : celui d’initier les amoureux et amoureuses du théâtre au monde de la lutte et les amoureux et amoureuses de la lutte au monde du théâtre. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on en ressort décoiffé·es !
Agamemnon In The Ring : Un dernier round flamboyant
Dès les premières minutes du spectacle, on est pris·e d’assaut par les effets de lumière et sonores ainsi que par la musique à plein volume. Ring de lutte, machines à fumée et musique rap forte énergisent la foule : la mise en scène de Sofia Blondin et Hilaire Saint-Laurent transporte illico le public dans un stade qui sent les hot-dogs et le pop-corn.
Dans une ambiance légère, digne d’une soirée entre ami·es, nous retrouvons Agamemnon, roi déchu de Mycènes, âgé et fatigué, qui prend sa retraite du ring et accède enfin au temple de la renommée de la lutte. Pour souligner son parcours pour le moins éclatant, son frère Ménélas décide de lui offrir en cadeau la ceinture d’or gagnée en combat double avec lui lors de leurs belles années. Comble d’horreur, des lutteurs de Troie-Rivières viennent dérober la ceinture d’une valeur inestimable à la fratrie royale. Agamemnon est alors forcé de revêtir son « suit en spandex » pour un dernier round, même s’il doit le faire au prix de grandes trahisons.
Dans une comédie éclatée qui frôle l’opéra rock, et à travers un texte en alexandrins qui mêle les niveaux de langue, le public retrouve avec bonheur des références à la culture populaire québécoise (entre les envolées lyriques sur le sacrifice d’Eugénie (Iphigénie) et les prières à Zeus, on passe de la Nuit des longs couteaux au fameux « viande à chien ! » de Séraphin Poudrier) et bien sûr, des images bien ficelées liées aux sports de combat.
Les comédien·nes sont tous et toutes très investi·es, et leur présence est électrisante. Les chorégraphies et les chansons constituent des ajouts agréables et comiques à l’histoire, qui demeure tout de même la pièce maîtresse du spectacle, malgré une mise en scène où la surenchère fait parfois en sorte que le spectateur ou la spectatrice ne sait plus où donner de la tête.
Agamemnon In The Ring
Texte : Hilaire St-Laurent. Mise en scène : Sofia Blondin et Hilaire St-Laurent. Assistance à la mise en scène : Sandrine Lemieux. Direction de production : Myriam Poirier-Dumaine. Direction technique et décor : David Poisson. Costumes : Raphaël Trottier. Éclairages : Mélanie Whissel. Composition et conception sonore : Frédérick Tremblay. Combats : Marc Roussel. Avec Frédéric Lavallée, Frédéric Desager, Joanie Guérin, Rébecca Vachon, Anaïs Cadorette-Bonin, Frédérick Tremblay, Maude Demers-Rivard, Jérémie Loubot, Catherine St-Martin, Hilaire St-Laurent, Pierre-Alexis St-Georges, Marie-Andrée Lemieux, Pierre-Antoine Pellerin et Nicolas Centeno. Une production de la compagnie Unuknu présentée, à l’occasion du Festival Royalmania, au Théâtre Aux Écuries jusqu’au 24 septembre 2022.
Dick the Turd : Quand l’horreur se mêle au combat
Richard III de Shakespeare qui rencontre Sports 30 à RDS : c’est la première impression qui est donnée au public lors du spectacle Dick the Turd de la compagnie Les Impairs, en collaboration avec le Collectif Moutarde Forte. Dès l’entrée en salle, nous sommes transporté·es dans un stade moderne et un peu kitsch qui semble inspiré du stade Canac à Québec. Il fait chaud, la fumée monte peu à peu dans l’assistance et on entend un « Are you ready to rrrrrrrumble ? » bien senti. Si les spectateurs et spectatrices avaient espoir de retrouver l’Angleterre élisabéthaine, ils se détrompent vite. Nous sommes dans les bas-fonds de ce qui a tout l’air d’une banlieue délabrée dont l’économie tourne autour de la lutte. Plusieurs clins d’œil comiques au monde de la publicité et aux commanditaires d’événements sportifs sont d’ailleurs faits au cours du spectacle.
Un Dick the Turd pour le moins effrayant s’avance sur scène en agitant la langue de manière obscène sur sa bouche pleine de dents cariées et en fixant le public de ses yeux colorés de noir. Il entame une version en joual du célèbre monologue d’ouverture de cette pièce classique « De quoi vous pensez qu’j’ai peur moé ? Peur de moé ? J’ai pas peur de moé ! ». Dick the Turd est terrifiant dans tout ce qu’il est, que ce soit sur le plan physique ou psychologique ; il dégoûte et donne froid dans le dos.
Dick, lutteur mal-aimé, vicieux et sans pitié, veut reprendre sa place dans la Fédération Féodale de Lutte (FFL). Pour se faire, il doit se débarrasser de ses adversaires dont Eddy the King (Edouard IV) et Duke C (le duc de Clarence). Les deux commentateurs sportifs, habillés à la Alain Crête et Dany Dubé et s’adressant à l’auditoire comme tels, font office de chœur pour expliquer au public le bagage de chaque protagoniste. Outre l’anti-héros, qui s’illustre par sa cruauté, son intensité et sa difformité, et la reine Élizabeth qui offre un monologue à saveur féministe intéressant quoiqu’un peu déjà vu, aucun personnage ne brille vraiment dans ce récit pourtant connu pour ses revirements.
Il ne reste malheureusement pas grand-chose du drame épique shakespearien, sauf peut-être les quelques répliques dites en anglais par les comédien·nes, qui sont tirées de la pièce originale et qui tranchent par rapport à l’ensemble du texte, qui affiche un niveau de langue très familier. Le ressort dramatique de ce mélange pour le moins inusité laisse perplexe, d’autant plus qu’on sort de ce spectacle avec l’impression que la lutte y prenait une place plus importante que tout le reste, aux dépens, même, des personnages et de l’histoire.
Dick the Turd
Texte : Écriture collective sous la direction de Jean-Philippe Bourgeois. Mise en scène : Elisabeth Coulon-Lafleur. Assistance à la mise en scène : Jonathan Cusson. Décor : Guillaume Bouliane-Blais. Costumes : Raphaël Trottier. Accessoires : Varnen Pareanan. Éclairages : Catherine Le Gall-Marchand. Son : Cédric Flagothier. Conception musicale : Philomène Gatien, Maxime Lemire et Philippe Lemire. Réalisation et caméra : Chloé Lafortune, François Lalonde et Florence Legault. Avec Simon Allard, Félix Basque, Guillaume Bouliane-Blais, Matilde Lopes-Fadigas, Olivier Magnan-Bossé, Jérémie Poirier, Maxime Pouliot, Justine Prévost et Anthony Tingaud. Une production des Impairs, en collaboration avec le Collectif Moutarde Forte, présentée, à l’occasion du Festival Royalmania, au Théâtre Aux Écuries jusqu’au 24 septembre 2022.