En vidant la maison avec son père, après le décès de son mushum, Delphine se met en tête de retrouver le tambour de ce grand-père disparu, dont le fils avait ignoré les enseignements. Toqaq/Delphine est du clan du caribou. Revêtant la peau de cet animal, dont elle acquiert aussitôt la force et le courage, elle rejoint les esprits des bois : la chouette, surnommée la Diva des forêts, et l’espiègle porc-épic, fanfaron mais pusillanime. Instruite par eux, Delphine décide d’affronter Kiwahq, la terrible bête au cœur de glace à l’insatiable appétit anthropophage. Elle doit le capturer pour le remettre dans le tambour, qui est sa véritable tanière. Alors, il deviendra une créature bénéfique qui ressuscite les mots.
La scène porte un immense tambour perdu au cœur de la forêt. En le faisant pivoter pour en révéler l’intérieur, on y découvre deux musiciennes qui se métamorphoseront bientôt en chouette et en Kiwahq. Un heureux subterfuge qui intègre musique et action dans les mêmes personnages. Dans ce pays de rêves et de mystères, les animaux parlent aux humain·es, et les petites filles courageuses peuvent rétablir l’ordre de choses. Le combat entre la multi-instrumentiste (Geneviève D’Ortun), devenue Kiwahq, et la jeune héroïne est un pur délice. Ce point d’orgue est soutenu par le subtil environnement sonore créé par Marie-Hélène Massy Emond. Le souffle retenu et saccadé de l’animal à travers un saxophone, qui pourrait être une trompe, situe la terrifiante bête à longue queue dans la famille des chimères. Mais Toqaq parviendra à la vaincre à coup de formules magiques.
En quête d’une langue perdue
Toqaq Mecimi Puwiht est une fable sur la quête d’une langue morte. D’origine québéco-malécite, l’auteur Dave Jenniss propose ici un texte en français et en wolastoqey, ce qui n’importune nullement le jeune public qui répète bientôt les incantations chantées par Delphine avec les mots de ses ancêtres.
Dans cette allégorie, la recherche de la parole est intimement liée à la culture. Les deux sont indissociables. Ce sont les animaux de la forêt rêvée qui détiennent la clef. Car sans le tambour qui bat, les mots n’existent pas. Il faut donc apprivoiser de nouveau Kiwahq pour qu’il retourne dans le tambour. La survie de la langue en dépend.
Partout au pays, les tambours des Premières Nations résonnent, souvent accompagnés de chants traditionnels, ces derniers réservoirs des langues délaissées au profit de l’idiome des conquérants. Avec la naïveté de l’enfant qui fabule un monde merveilleux, Toqaq entend vaincre la barbarie et retourner à l’enseignement des ancêtres, « ceux qui ont vécu avant nous et encore avant eux ». Ce message universel place le maintien d’une filiation à sa culture et à sa famille élargie au centre de notre survie. Et les mythes sont porteurs de cet enseignement dispersé par la rupture de nos mémoires.
Texte : Dave Jenniss. Mise en scène : Milena Buziak. Direction artistique : Dave Jenniss et Geneviève Pineault. Scénographie et éclairage : Emilio Sebastiao. Environnement sonore : Marie-Hélène Massy Emond. Composition musicale : Marie-Hélène Massy-Émond et Emily Marie Séguin. Interprétation musicale : Emily Marie Séguin et Geneviève D’Ortun. Costumes : Samantha McCue. Régie : Alexie Madore Charron. Direction de production : Pascale Lemay. Illustrations : Catherine Boivin. Avec Jemmy Echaquan Dubé, Geneviève D’Ortun, Christian Pilon et Emily Marie Séguin. Une coproduction du Théâtre de la Vieille 17 et des Productions Ondinnok, présentée au Théâtre jeunesse Les Gros Becs jusqu’au 13 novembre 2022, puis en tournée.
En vidant la maison avec son père, après le décès de son mushum, Delphine se met en tête de retrouver le tambour de ce grand-père disparu, dont le fils avait ignoré les enseignements. Toqaq/Delphine est du clan du caribou. Revêtant la peau de cet animal, dont elle acquiert aussitôt la force et le courage, elle rejoint les esprits des bois : la chouette, surnommée la Diva des forêts, et l’espiègle porc-épic, fanfaron mais pusillanime. Instruite par eux, Delphine décide d’affronter Kiwahq, la terrible bête au cœur de glace à l’insatiable appétit anthropophage. Elle doit le capturer pour le remettre dans le tambour, qui est sa véritable tanière. Alors, il deviendra une créature bénéfique qui ressuscite les mots.
La scène porte un immense tambour perdu au cœur de la forêt. En le faisant pivoter pour en révéler l’intérieur, on y découvre deux musiciennes qui se métamorphoseront bientôt en chouette et en Kiwahq. Un heureux subterfuge qui intègre musique et action dans les mêmes personnages. Dans ce pays de rêves et de mystères, les animaux parlent aux humain·es, et les petites filles courageuses peuvent rétablir l’ordre de choses. Le combat entre la multi-instrumentiste (Geneviève D’Ortun), devenue Kiwahq, et la jeune héroïne est un pur délice. Ce point d’orgue est soutenu par le subtil environnement sonore créé par Marie-Hélène Massy Emond. Le souffle retenu et saccadé de l’animal à travers un saxophone, qui pourrait être une trompe, situe la terrifiante bête à longue queue dans la famille des chimères. Mais Toqaq parviendra à la vaincre à coup de formules magiques.
En quête d’une langue perdue
Toqaq Mecimi Puwiht est une fable sur la quête d’une langue morte. D’origine québéco-malécite, l’auteur Dave Jenniss propose ici un texte en français et en wolastoqey, ce qui n’importune nullement le jeune public qui répète bientôt les incantations chantées par Delphine avec les mots de ses ancêtres.
Dans cette allégorie, la recherche de la parole est intimement liée à la culture. Les deux sont indissociables. Ce sont les animaux de la forêt rêvée qui détiennent la clef. Car sans le tambour qui bat, les mots n’existent pas. Il faut donc apprivoiser de nouveau Kiwahq pour qu’il retourne dans le tambour. La survie de la langue en dépend.
Partout au pays, les tambours des Premières Nations résonnent, souvent accompagnés de chants traditionnels, ces derniers réservoirs des langues délaissées au profit de l’idiome des conquérants. Avec la naïveté de l’enfant qui fabule un monde merveilleux, Toqaq entend vaincre la barbarie et retourner à l’enseignement des ancêtres, « ceux qui ont vécu avant nous et encore avant eux ». Ce message universel place le maintien d’une filiation à sa culture et à sa famille élargie au centre de notre survie. Et les mythes sont porteurs de cet enseignement dispersé par la rupture de nos mémoires.
Toqaq Mecimi Puwiht / Delphine rêve toujours
Texte : Dave Jenniss. Mise en scène : Milena Buziak. Direction artistique : Dave Jenniss et Geneviève Pineault. Scénographie et éclairage : Emilio Sebastiao. Environnement sonore : Marie-Hélène Massy Emond. Composition musicale : Marie-Hélène Massy-Émond et Emily Marie Séguin. Interprétation musicale : Emily Marie Séguin et Geneviève D’Ortun. Costumes : Samantha McCue. Régie : Alexie Madore Charron. Direction de production : Pascale Lemay. Illustrations : Catherine Boivin. Avec Jemmy Echaquan Dubé, Geneviève D’Ortun, Christian Pilon et Emily Marie Séguin. Une coproduction du Théâtre de la Vieille 17 et des Productions Ondinnok, présentée au Théâtre jeunesse Les Gros Becs jusqu’au 13 novembre 2022, puis en tournée.