Pour son baptême à la mise en scène, la comédienne Kim Despatis a jeté son dévolu sur Stop Kiss, de la dramaturge américaine Diana Son, proposé pour la première fois dans une traduction québécoise, signée Maryse Warda. Dans cette production de Tableau Noir, présentée au Théâtre La Licorne, on assiste à la naissance d’un amour aussi doux qu’inattendu entre deux jeunes femmes, dont la vie basculera après une attaque lesbophobe, une thématique rarement abordée sur les planches de la province.
Callie, journaliste à la circulation, et Sara, enseignante dans une école primaire, se rencontrent par l’intermédiaire d’un ami commun, dans le New York des années 1990. Une complicité naît rapidement entre elles, puis l’amitié fait peu à peu place à la passion. Les protagonistes, déjà en pleine remise en question professionnelle, devront apprivoiser ces émotions nouvelles, elles qui n’ont été, jusqu’alors, qu’en relation avec des hommes. Une période de turbulences qui culminera par une agression à caractère haineux dans un parc, un drame qui obligera Callie et Sara à prendre des décisions cruciales pour leur futur.
Il y a une trentaine d’années, de plus en plus de groupes militaient pour la reconnaissance des droits des membres de la communauté LGBTQ+ dans la métropole américaine, mais les actes de violence homophobes étaient toujours nombreux à se produire dans les rues de la Grosse Pomme. Stop Kiss, un texte queer incontournable des années 1990, braquait les projecteurs sur la brutalité vécue par ceux et celles qui désiraient s’aimer hors des contraintes de l’hétéronormativité. Si une place plus grande est faite, de nos jours, à la diversité sexuelle, les mots de Diana Son résonnent encore. La pièce est une illustration juste et sensible des préjugés, du détournement cognitif (gaslighting), des insultes, des coups subis, notamment, par les lesbiennes. Elle raconte avec adresse et de manière nuancée les réflexions et sentiments parfois contradictoires qui animent les personnes LGBTQ+, telles leur propre homophobie intériorisée ou la perspective de dévoiler leur orientation à leur entourage.
Quand l’amour triomphe
Bien que certaines scènes du spectacle dirigé par Kim Despatis soient dures, l’œuvre reste empreinte d’espoir, de tendresse, d’humour. Et si l’amour qui se déploie devant nos yeux en est un entre deux femmes, les premiers émois que Stop Kiss raconte sont universels. Tous et toutes peuvent se reconnaître dans cette quête des personnages, à la recherche de leur vérité, un parcours qui pourrait les mener à l’affranchissement de leur désir.
On croit dès le départ à l’union de Callie et Sara, grâce à l’interprétation de Célia Gouin-Arsenault et de Rose-Marie Perreault, dont c’est la première expérience sur les planches. Malgré un jeu parfois inégal, les actrices parviennent à donner vie à des amoureuses attachantes et d’une savoureuse maladresse. Célia Gouin-Arsenault brille tout particulièrement dans les scènes où elle répond aux questions incisives de l’enquêteur de police et celles où elle soutient Sara dans ses efforts de réhabilitation.
Les transitions, fort habiles, assurent une fluidité au spectacle, dont l’histoire ne nous est pas racontée de façon linéaire. La présence des acteurs Rodley Pitt et Bozidar Krcevinac dans certains de ces passages, telle des apparitions fantomatiques, est un clin d’œil astucieux au passé amoureux de Callie et Sara, des anciennes relations qui reviennent sans cesse les hanter.
Les éclairages, signés Julie Basse, nimbent d’une lumière chaleureuse le couple et tranchent avec les événements dramatiques qui sont dépeints, comme pour nous rappeler que l’amour saura triompher. Un optimisme qui se dégage tout autant des mélodies composées par Étienne Thibeault, dans lesquelles l’électro prédomine, des rythmes qui insufflent une bonne dose de dynamisme à l’ensemble, en plus d’accentuer le caractère urbain des lieux où se déroule l’action.
La présentation de Stop Kiss sur une scène montréalaise est on ne peut plus bienvenue, les histoires d’amour mettant en scène des femmes n’étant pas légion dans les productions théâtrales québécoises. Mais plus qu’un plaidoyer pour l’acceptation de la différence, la pièce de Diana Son, orchestrée avec délicatesse par Kim Despatis, est un manifeste pour l’amour. Ce beau, ce grand, ce fulgurant sentiment qui souvent bouscule et bouleverse. C’est une invitation à succomber à la fièvre, peu importe l’objet de notre affection, à accueillir les papillons qui virevoltent dans notre ventre, envers et contre tous.
Texte : Diana Son. Traduction : Maryse Warda. Mise en scène : Kim Despatis. Assistance à la mise en scène : Andrée-Anne Garneau. Avec Célia Gouin-Arsenault, Bozidar Krcevinac, Marie-Christine Lê-Huu, Rose-Marie Perreault et Rodley Pitt. Décor et accessoires : Anne-Sophie Gaudet. Costumes : Catherine Sainte-Marie. Éclairages : Julie Basse. Musique : Étienne Thibeault. Une production de Tableau Noir, en codiffusion avec La Manufacture, présentée au Théâtre La Licorne jusqu’au 24 février 2023.
Pour son baptême à la mise en scène, la comédienne Kim Despatis a jeté son dévolu sur Stop Kiss, de la dramaturge américaine Diana Son, proposé pour la première fois dans une traduction québécoise, signée Maryse Warda. Dans cette production de Tableau Noir, présentée au Théâtre La Licorne, on assiste à la naissance d’un amour aussi doux qu’inattendu entre deux jeunes femmes, dont la vie basculera après une attaque lesbophobe, une thématique rarement abordée sur les planches de la province.
Callie, journaliste à la circulation, et Sara, enseignante dans une école primaire, se rencontrent par l’intermédiaire d’un ami commun, dans le New York des années 1990. Une complicité naît rapidement entre elles, puis l’amitié fait peu à peu place à la passion. Les protagonistes, déjà en pleine remise en question professionnelle, devront apprivoiser ces émotions nouvelles, elles qui n’ont été, jusqu’alors, qu’en relation avec des hommes. Une période de turbulences qui culminera par une agression à caractère haineux dans un parc, un drame qui obligera Callie et Sara à prendre des décisions cruciales pour leur futur.
Il y a une trentaine d’années, de plus en plus de groupes militaient pour la reconnaissance des droits des membres de la communauté LGBTQ+ dans la métropole américaine, mais les actes de violence homophobes étaient toujours nombreux à se produire dans les rues de la Grosse Pomme. Stop Kiss, un texte queer incontournable des années 1990, braquait les projecteurs sur la brutalité vécue par ceux et celles qui désiraient s’aimer hors des contraintes de l’hétéronormativité. Si une place plus grande est faite, de nos jours, à la diversité sexuelle, les mots de Diana Son résonnent encore. La pièce est une illustration juste et sensible des préjugés, du détournement cognitif (gaslighting), des insultes, des coups subis, notamment, par les lesbiennes. Elle raconte avec adresse et de manière nuancée les réflexions et sentiments parfois contradictoires qui animent les personnes LGBTQ+, telles leur propre homophobie intériorisée ou la perspective de dévoiler leur orientation à leur entourage.
Quand l’amour triomphe
Bien que certaines scènes du spectacle dirigé par Kim Despatis soient dures, l’œuvre reste empreinte d’espoir, de tendresse, d’humour. Et si l’amour qui se déploie devant nos yeux en est un entre deux femmes, les premiers émois que Stop Kiss raconte sont universels. Tous et toutes peuvent se reconnaître dans cette quête des personnages, à la recherche de leur vérité, un parcours qui pourrait les mener à l’affranchissement de leur désir.
On croit dès le départ à l’union de Callie et Sara, grâce à l’interprétation de Célia Gouin-Arsenault et de Rose-Marie Perreault, dont c’est la première expérience sur les planches. Malgré un jeu parfois inégal, les actrices parviennent à donner vie à des amoureuses attachantes et d’une savoureuse maladresse. Célia Gouin-Arsenault brille tout particulièrement dans les scènes où elle répond aux questions incisives de l’enquêteur de police et celles où elle soutient Sara dans ses efforts de réhabilitation.
Les transitions, fort habiles, assurent une fluidité au spectacle, dont l’histoire ne nous est pas racontée de façon linéaire. La présence des acteurs Rodley Pitt et Bozidar Krcevinac dans certains de ces passages, telle des apparitions fantomatiques, est un clin d’œil astucieux au passé amoureux de Callie et Sara, des anciennes relations qui reviennent sans cesse les hanter.
Les éclairages, signés Julie Basse, nimbent d’une lumière chaleureuse le couple et tranchent avec les événements dramatiques qui sont dépeints, comme pour nous rappeler que l’amour saura triompher. Un optimisme qui se dégage tout autant des mélodies composées par Étienne Thibeault, dans lesquelles l’électro prédomine, des rythmes qui insufflent une bonne dose de dynamisme à l’ensemble, en plus d’accentuer le caractère urbain des lieux où se déroule l’action.
La présentation de Stop Kiss sur une scène montréalaise est on ne peut plus bienvenue, les histoires d’amour mettant en scène des femmes n’étant pas légion dans les productions théâtrales québécoises. Mais plus qu’un plaidoyer pour l’acceptation de la différence, la pièce de Diana Son, orchestrée avec délicatesse par Kim Despatis, est un manifeste pour l’amour. Ce beau, ce grand, ce fulgurant sentiment qui souvent bouscule et bouleverse. C’est une invitation à succomber à la fièvre, peu importe l’objet de notre affection, à accueillir les papillons qui virevoltent dans notre ventre, envers et contre tous.
Stop Kiss
Texte : Diana Son. Traduction : Maryse Warda. Mise en scène : Kim Despatis. Assistance à la mise en scène : Andrée-Anne Garneau. Avec Célia Gouin-Arsenault, Bozidar Krcevinac, Marie-Christine Lê-Huu, Rose-Marie Perreault et Rodley Pitt. Décor et accessoires : Anne-Sophie Gaudet. Costumes : Catherine Sainte-Marie. Éclairages : Julie Basse. Musique : Étienne Thibeault. Une production de Tableau Noir, en codiffusion avec La Manufacture, présentée au Théâtre La Licorne jusqu’au 24 février 2023.