Le Petit Théâtre du Nord, reconnu pour offrir du théâtre de création en été à Blainville, a instauré il y a quelques années une nouvelle tradition : Les Veillées festives. La particularité de ces soirées de contes et de musique est de s’intéresser à l’histoire de la région des Laurentides et, pour cette troisième édition, l’angle épousé est celui de l’industrie. Les fables élaborées par Marianne Dansereau, Robert Lalonde, Geneviève Bélisle, Jonathan Caron et Mélanie St-Laurent prennent donc racine dans les usines et entreprises ayant marqué l’évolution de la région sans, heureusement, s’y confiner.
Ce thème a inspiré de façon généralement probante les auteurs et autrices recruté·es. Par exemple, Marianne Dansereau, par la voix de la comédienne Catherine Paquin-Béchard, raconte le lien sibyllin s’étant tissé entre une jeune femme et le piano — de confection locale — que lui a offert sa grand-mère durant son enfance. La langue se révèle simple et dynamique, le récit, bien ficelé et l’interprétation, convaincante.
Le style convoqué par Robert Lalonde, bien différent, multiplie les termes recherchés et les longues phrases. Que son narrateur s’exclame « Pour l’amour de Proust ! » ne semble ainsi pas anodin. Un brin précieuse, la prose reste cependant digeste et certes fort agréable à attendre, malgré les quelques bafouillages du comédien Henri Chassé lors de la représentation à laquelle nous avons assisté. L’anecdote met en scène un aspirant romancier dont la première œuvre (écrite sur du papier Rolland), qu’il croyait pourtant dormir dans un vieux coffre, remporte le prix Robert-Cliche (comme ce fut le cas de l’auteur de cette épopée).
Les autres contes, légèrement moins captivants, allient tout de même, eux aussi, assez adroitement le réalisme et l’histoire locale à une indispensable dose de merveilleux.
Un ensemble harmonieux
Toutes ces charmantes affabulations sont bercées, ponctuées et encadrées par la musique de Benoît Archambault, dont le piano trône au fond de la scène. Celle-ci, bifrontale, est en outre meublée d’un escalier de bois, d’un très grand arbre dont les branches semblent serties de fragments d’étoiles (que l’on devine être probablement des éclats de disques compacts) ainsi que d’un écran-parchemin, recouvert d’une multitude de pages de livres, dont certaines pendent aussi du plafond. Une scénographie qui recèle juste ce qu’il faut de féerie, tout en s’ancrant dans un univers aux accents québécois.
La bifrontalité, qui participe à la convivialité de la proposition, constitue cependant un pari périlleux dans un contexte où les interprètes s’adressent directement au public, car le fil qui porte la parole de la bouche des un·es au cœur et à l’esprit des autres peut se rompre lorsque le conteur ou la conteuse fait dos à une partie des spectateurs et spectatrices pour parler aux autres. Cette bride se fragilise à force d’être brisée et reprisée.
Les propos tenus sur scène sont par ailleurs soutenus par quelques projections — dont on appréciera l’usage à la fois parcimonieux et judicieux — d’images d’archives. Celles-ci inscrivent résolument les contes dans notre histoire. Le répertoire musical québécois — de Renée Martel à Robert Charlebois en passant par Claude Dubois — est aussi convoqué dans quelques numéros de chant, qui contribuent grandement au caractère chaleureux de cette sympathique veillée festive.
Textes : Geneviève Bélisle, Jonathan Caron, Marianne Dansereau et Robert Lalonde. Mise en scène : Sébastien Gauthier. Assistance à la mise en scène : William Lépine. Direction musicale : Benoît Archambault. Scénographie : Laurianne Gagnon. Costumes : Rosemarie Levasseur. Éclairages : Luc Prairie. Vidéos : Emmanuel Grangé. Consultation chorégraphique : Marie-Josée Tremblay. Avec Henri Chassé, Mélanie St-Laurent, Catherine Paquin-Béchard et Rosalie Daoust. Une production du Petit Théâtre du Nord, présentée au Centre de création de Boisbriand jusqu’au 16 décembre 2023.
Le Petit Théâtre du Nord, reconnu pour offrir du théâtre de création en été à Blainville, a instauré il y a quelques années une nouvelle tradition : Les Veillées festives. La particularité de ces soirées de contes et de musique est de s’intéresser à l’histoire de la région des Laurentides et, pour cette troisième édition, l’angle épousé est celui de l’industrie. Les fables élaborées par Marianne Dansereau, Robert Lalonde, Geneviève Bélisle, Jonathan Caron et Mélanie St-Laurent prennent donc racine dans les usines et entreprises ayant marqué l’évolution de la région sans, heureusement, s’y confiner.
Ce thème a inspiré de façon généralement probante les auteurs et autrices recruté·es. Par exemple, Marianne Dansereau, par la voix de la comédienne Catherine Paquin-Béchard, raconte le lien sibyllin s’étant tissé entre une jeune femme et le piano — de confection locale — que lui a offert sa grand-mère durant son enfance. La langue se révèle simple et dynamique, le récit, bien ficelé et l’interprétation, convaincante.
Le style convoqué par Robert Lalonde, bien différent, multiplie les termes recherchés et les longues phrases. Que son narrateur s’exclame « Pour l’amour de Proust ! » ne semble ainsi pas anodin. Un brin précieuse, la prose reste cependant digeste et certes fort agréable à attendre, malgré les quelques bafouillages du comédien Henri Chassé lors de la représentation à laquelle nous avons assisté. L’anecdote met en scène un aspirant romancier dont la première œuvre (écrite sur du papier Rolland), qu’il croyait pourtant dormir dans un vieux coffre, remporte le prix Robert-Cliche (comme ce fut le cas de l’auteur de cette épopée).
Les autres contes, légèrement moins captivants, allient tout de même, eux aussi, assez adroitement le réalisme et l’histoire locale à une indispensable dose de merveilleux.
Un ensemble harmonieux
Toutes ces charmantes affabulations sont bercées, ponctuées et encadrées par la musique de Benoît Archambault, dont le piano trône au fond de la scène. Celle-ci, bifrontale, est en outre meublée d’un escalier de bois, d’un très grand arbre dont les branches semblent serties de fragments d’étoiles (que l’on devine être probablement des éclats de disques compacts) ainsi que d’un écran-parchemin, recouvert d’une multitude de pages de livres, dont certaines pendent aussi du plafond. Une scénographie qui recèle juste ce qu’il faut de féerie, tout en s’ancrant dans un univers aux accents québécois.
La bifrontalité, qui participe à la convivialité de la proposition, constitue cependant un pari périlleux dans un contexte où les interprètes s’adressent directement au public, car le fil qui porte la parole de la bouche des un·es au cœur et à l’esprit des autres peut se rompre lorsque le conteur ou la conteuse fait dos à une partie des spectateurs et spectatrices pour parler aux autres. Cette bride se fragilise à force d’être brisée et reprisée.
Les propos tenus sur scène sont par ailleurs soutenus par quelques projections — dont on appréciera l’usage à la fois parcimonieux et judicieux — d’images d’archives. Celles-ci inscrivent résolument les contes dans notre histoire. Le répertoire musical québécois — de Renée Martel à Robert Charlebois en passant par Claude Dubois — est aussi convoqué dans quelques numéros de chant, qui contribuent grandement au caractère chaleureux de cette sympathique veillée festive.
Les Veillées festives – Bâtisseurs d’avenir
Textes : Geneviève Bélisle, Jonathan Caron, Marianne Dansereau et Robert Lalonde. Mise en scène : Sébastien Gauthier. Assistance à la mise en scène : William Lépine. Direction musicale : Benoît Archambault. Scénographie : Laurianne Gagnon. Costumes : Rosemarie Levasseur. Éclairages : Luc Prairie. Vidéos : Emmanuel Grangé. Consultation chorégraphique : Marie-Josée Tremblay. Avec Henri Chassé, Mélanie St-Laurent, Catherine Paquin-Béchard et Rosalie Daoust. Une production du Petit Théâtre du Nord, présentée au Centre de création de Boisbriand jusqu’au 16 décembre 2023.